La préparation physique
sous ses différents aspects
Terminologie
1 -
La filière aérobie : la zone
bleue
1.1
Présentation
1.2 Les allures de course
1.3 Les séances types
1.4
Evaluer les allures aérobies
2 -
La filière anaérobie
acide : la zone rouge
2.1 Présentation
2.2 Les allures de course
2.3 Les séances types
2.4 Evaluer les qualités acides
3 -
La filière
anaérobie anacide : sans air et sans acide
3.1 Présentation
3.2 Les allures de course
3.3 Les séances types
3.4 Evaluer les qualités
anaérobie anacide
4 - Utiliser l'énergie :
l'économie de course
4.1 Les techniques de courses
4.2 Les exercices types
de courses techniques
4.3 Quand et où placer la
technique de course
5 - La force
5.1 Présentation : les types
de force
5.2 Force spécifique et
renforcement général
5.3 Les séances
5.4 Quelques exercices de
renforcement
5.5 Evaluer la force
5.5.1 Evaluation de la force
maximale
5.5.2 Evaluation de
l'endurance à la force
6-
La souplesse
7 - L'hygiène de vie
8 -
Se connaître
8.1 Présentation
8.2
de l'extérieur à l'intérieur
8.3 Des
exercices
9 -
Savoir d'où l'on part et où l'on veut aller - Etablir un diagnostic
9.1
L'athlète : le point de départ
9.2
La discipline :
l'endroit où l'on veut arriver
9.3 La pratique et ses conditions
10 - Le pronostic : fixer les objectifs
11 -
Les principes de l'entraînement
11.1 La diversité
11.2 La
progressivité
11.3 La
spécificité
11.4
Les trois principes et
la programmation
12 Une organisation par cycles : Aternance de travail et de repos
12.1
Différents cycles
12.2 Des cycles : Pourquoi ?
13.3 Deux Exceptions
13.4 Exemple
14 -
Définir la charge
14.1 La charge de travail
14.2 Charge extérieure :
charge ressentie
15 - Le suivi de l'entraînement
Commençons par une petite mise au point terminologique qui a trait aux qualités
du sportif.
Les qualités physiques sont des catégories créées pour exprimer la capacité d'un
organisme à accomplir un type de tâche donné. Etre fort, c'est par exemple
réussir à soulever 150 kg avec les jambes ! La notion même de qualité physique
est complètement dépendante de la tâche effectuée.
Cette précision, qui de prime abord peut paraître triviale, est importante pour
une raison. Telles qu'elles sont présentées, nous pourrions croire que les
catégories "qualités physiques" existent en soi ; indépendamment les unes des
autres et de l'exercice qui les objective. Or les processus biochimiques
sous-jacents sont en partie les mêmes. Dans tous les cas, ils interagissent.
Autant qu'une qualité physique en elle-même, c'est un type d'adaptation
biologique à un exercice des mêmes processus sous-jacents que nous mesurons.
Nous comprenons dès lors que cette adaptation ajoute favorablement ou non ses
effets aux autres catégories "qualités" physiques dont nous parlons dans
d'autres pages.
Ceci étant posé, gardons à l'esprit que tout ce que nous allons aborder interagit, s'influence mutuellement, et passons à la transformation d'énergie.
Transformer l'énergie
Après la
mise au point portant sur les qualités physiques et avant de parler de la
filière aérobie, autorisons-nous un petit chapitre sur la transformation
d'énergie.
Trois
filières permettent de transformer l'énergie :
- la filière aérobie utilise l'oxygène de l'atmosphère
- la filière anaérobie acide produit de l'acidité dans l'organisme
- la filière anaérobie anacide n'utilise pas d'oxygène et ne produit pas
d'acidité
Ces trois voies transforment l'énergie, elles ne la produisent pas. Un organisme est traversé par l'énergie, il est incapable de la produire ! Le but commun à ce trio est de régénérer la seule molécule d'énergie utilisable par nos muscles : l'ATP (Adénosine Tri Phosphate).
Tous ceux que les mécanismes physiologiques de transformation d'énergie mais aussi de respiration, de circulation… intéressent, peuvent se rendre au secteur physiologie (physiologie). Vous pourrez, entre autres, entrevoir comment, à chaque foulée, notre corps est capable de régénérer 10 milliards de milliard (10 puissance 19) de molécules d'ATP soit en nombre de particules, plus qu'aucune plage du monde ne peut contenir de grains de sable ; des centaines de terrains de football recouverts d'une couche de 10m de sable !
Etant donné l'extrême simplification de la présentation que nous allons entreprendre, nous tenons à vous avertir que les trois voies énergétiques que nous donnons séparément sont en fait intimement liées. Elles agissent en synergie, s'influencent, se régulent. La simplification entreprise se justifie par sa grande utilité pour l'entraînement.
1.1 Présentation
Au niveau de l'entraînement, la filière aérobie représente les gammes
d'intensité de travail de développement des qualités "d'endurance". Elle traduit
l'aptitude de l'organisme à extraire, transporter et utiliser l'oxygène pour
transformer l'énergie. Dans cette approche, "l'endurance" représente cette
aptitude des systèmes circulatoires, respiratoires et musculaires à favoriser le
métabolisme aérobie.
Puisque la filière aérobie utilise l'oxygène pour transformer l'énergie, partons
de l'oxygène. Et pour clarifier ce qui va suivre, commençons par préciser deux
points :
- Pour simplifier la présentation, posons que l'énergie apportée pour la course
par la filière aérobie et le niveau d'air apporté à votre corps par la
respiration sont équivalents. Une respiration forte est la marque d'une grande
utilisation d'énergie avec de l'air. Cette simplification se justifie par le
fait qu'au niveau énergétique, air et oxygène peuvent ne pas être distingués. En
effet, de tous les gaz présents dans l'air, seul l'oxygène est utilisé par notre
corps pour transformer l'énergie des aliments en énergie de la course.
- Deuxième point plus technique. L'air ne joue pas un rôle direct dans la
transformation de l'énergie. Son rôle est de venir récupérer des substrats dont
l'organisme ne sait plus que faire. L'air, ou plus exactement l'oxygène, est le
grand récupérateur énergétique. Comme un chiffonnier récupère des matériaux
usagers pour les redistribuer, l'oxygène récupère des éléments usagers pour les
redonner à l'atmosphère.
Ceci étant dit, voyons comment se comporte l'air et l'énergie qui l'accompagne.
Au repos, nous utilisons une certaine quantité d'air pour vivre. Si nous marchons, l'énergie dont nous avons besoin augmente et par conséquent, la quantité d'air que nous respirons s'accroît-elle aussi. Plus nous allons vite, plus la quantité d'air qui passe dans notre corps et plus l'énergie qu'il transforme augmentent. Il en est ainsi jusqu'à un niveau à partir duquel, notre respiration a atteint son maximum. Elle est alors incapable d'apporter plus d'air, elle plafonne. Ce niveau est appelé VO2max : quantité - ou consommation - maximale d'oxygène utilisée par le corps par unité de temps.
Bien sûr, nous pouvons aller plus vite que la vitesse correspondant à notre VO2max. Le surplus d'énergie n'est plus alors apporté par la respiration mais par la filière que nous avons appelé filière anaérobie acide (sans air et avec acidité).
1.2 Les allures de course
La Vitesse Maximale Aérobie
Pour l'entraînement, il n'est pas très intéressant de connaître la
consommation d'oxygène. Ce qui compte c'est la connaissance des allures
correspondant aux différents niveaux d'utilisation de cet oxygène. Comme nous
avons dit que le niveau d'air utilisé était équivalent à l'énergie aérobie
transformée donc - à une approximation près - à l'allure de course, il suffit en
fait de connaître une seule allure pour avoir un aperçu assez juste de toutes
les autres. Cette allure privilégiée pour la construction de l'entraînement est
celle correspondant à l'utilisation maximale d'oxygène (VO2max). Cette vitesse,
la plus élevée de la filière aérobie, est appelée Vitesse Maximale Aérobie (VMA).
Elle est l'équivalent pour la course à pied de la PMA (Puissance Maximale
Aérobie).
Si vous ne connaissez pas le terme VMA retenez-le, il va être notre référent
pour toutes les vitesses de course. Nous allons, en effet, exprimer les autres
allures en pourcentage de la VMA. Par exemple, nous allons parler par la suite
de course à 70%, 75% ou 85%… de VMA. Dans tout le site, nous regroupons ces
pourcentages en quatre zones de travail auquel nous attribuons des couleurs :
vert, jaune, orange, rouge (voir ci-dessous).
Si la VMA est le niveau supérieur de la filière aérobie, un second indice permet de "couper" cette filière en deux. Cet indice est nommé : seuil anaérobie
Le
seuil anaérobie
Nous ne
nous étendrons pas sur la signification controversée du seuil anaérobie. Si vous
voulez tout connaître sur lui vous pouvez vous rendre au secteur physiologie.
Sachez simplement qu'avant d'arriver au niveau maximum de l'utilisation d'air,
une deuxième filière s'est déjà mise en marche ; une filière appelée anaérobie
acide - ou anaérobie lactique -. Cette voie énergétique a l'extrême désavantage
de produire de l'acidité. Or l'acidité empoisonne le muscle, l'obligeant à
stopper ou limiter son activité. Dans la course, sa présence massive contraint
l'athlète à s'arrêter ou à réduire l'allure.
Le seuil anaérobie n'est pas défini précisément. Il serait une zone de
transition au-dessus de laquelle la course devrait être arrêtée très rapidement.
En dessous de ce seuil, l'athlète est en "équilibre", il peut continuer à courir
longtemps.
Même s'il est théoriquement discutable, ce seuil est très utile. Il correspond, en effet, au passage entre l'entraînement de type footing continu et les séances dites de fractionné. Nous allons parler des entraînements associés à la filière aérobie mais avant représentons les deux filières énergétiques agrémentées d'indications utiles à l'entraînement.
Les
zones d'allures
Suivant
les auteurs, les appellations des zones et des allures de course sont
différentes. Le schéma suivant vous permettra de faire le lien entre différentes
terminologies.
|
footing
|
footing moyen |
footing rapide |
Intervalles |
Fractionné |
|||||||
. |
||||||||||||
vitesses (%VMA) |
.50% |
70% |
80-85% |
|
110% et + |
|||||||
ou VO2 |
|
|
seuil |
VMA |
|
|||||||
. |
||||||||||||
Fréquence cardiaque % max |
|
80% |
90% |
maximale |
|
|||||||
. |
||||||||||||
temps maximal |
.x heures |
+ 3 heures |
45'-1h |
6-7' |
5' et - |
|||||||
de course |
|
|
|
|
|
|||||||
. |
||||||||||||
distances |
.raids |
marathon |
|
|
1500m |
|||||||
. |
||||||||||||
exemple vitesse |
.8-9 km/h |
|
12-13 km/h |
15 km/h |
16 km/h |
|||||||
et temps |
|
3h45'/42km |
45'/10 km |
6'/1500m |
|
|||||||
. |
||||||||||||
zones d'entraînement |
Footing lent à moyen |
Footing rapide |
Allures intervalles |
Fractionné |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
Terminologies |
|
|
|
|
||||||||
- Cottereau |
endurance |
résistance |
.douce |
résistance |
.dure |
|
|
|||||
- physiologique |
capacité aérobie |
puissance aérobie |
lactique |
|||||||||
- années 70-80 |
endurance |
résistance |
||||||||||
. |
||||||||||||
énergétique |
Filière aérobie |
anaérobie |
||||||||||
Zones
d'entraînements : vitesses, temps, fréquences cardiaques,
procédés d'entraînements et terminologies associées
Remarques
- Dans la rubrique abonnement, vous pouvez charger une version plus complète des
filières et des allures associées (abonnement).
- Le code couleur correspond aux quatre zones de travail que nous proposons dans
le cadre du suivi de l'entraînement. Il permet avant tout de donner l'impact
dominant de la séance.
Dans
le tableau qui précède, vous pouvez voir que l'appellation physiologique
distingue deux zones appelées respectivement capacité et puissance aérobie. Un
point de terminologie s'impose à propos de ces termes.
Habituellement, les entraîneurs utilisent le terme capacité pour signifier une
grande quantité, un volume important et le terme puissance pour signifier un
travail en intensité. Ainsi dit-on que l'on travaille la VMA en capacité en
faisant des grosses séances à une allure légèrement inférieure à la VMA. Un
travail de VMA en puissance correspond à un volume de séance beaucoup moins
important avec une vitesse légèrement supérieure à la VMA. Si l'on applique ce
vocabulaire à la filière aérobie en entier, la capacité aérobie est la partie
quantitative du travail située sous le seuil anaérobie. La puissance aérobie est
la partie intensive qui couvre les allures allant du seuil à la VMA.
Bien
qu'utile, cette terminologie est fausse. La capacité est effectivement une
quantité, un volume que l'on peut atteindre. Mais cette quantité s'exprime par
rapport à une puissance. La puissance mesure une vitesse de transfert d'un
substrat ou d'une énergie, c'est à dire la quantité d'énergie échangée par unité
de temps. Imaginez un robinet d'eau qui emplit une bouteille. Le débit à travers
le robinet est la puissance ; la quantité maximale d'eau que la bouteille peut
recevoir est la capacité.
Au niveau de la course, le débit de l'eau devient la vitesse de course alors que
le contenu de la bouteille se transforme en temps maximal de course. On se rend
alors compte que les deux termes sont irrémédiablement dépendants l'un de
l'autre. A une puissance correspond une capacité et inversement. Si vous avez
une VMA de 18km/h et que vous courrez à cette vitesse, vous dégagez une
puissance correspondant à 18km/h pendant un temps maximum qui devrait être
proche de 6 minutes. Ce temps maximum est votre capacité à 18km/h. Ainsi, à
chaque vitesse correspondent une puissance et une capacité.
Si nous utilisons - ou si vous utilisez - les deux termes en dehors de ce cadre
c'est par simplification et pour signifier le volume et l'intensité d'une base
commune qui peut être la VMA, le seuil ou encore la filière aérobie.
Ce détail technique étant réglé passons aux séances permettant de solliciter la filière aérobie.
Différents types de travail permettent de solliciter l'énergie aérobie. Nous présentons ces méthodes en référence aux couleurs que nous avons utilisées.
Couleur verte : le footing lent à moyen |
Le
footing est le type de travail utilisé pour toutes les allures allant de 50% à
75% de la VMA. Selon l'appellation, cette zone d'allure s'étend du footing lent
au footing moyen ou de l'endurance au début de la résistance douce.
Suivant le temps de course, l'objectif de ce travail est différent :
- de 10 à 20' : échauffement ou récupération après une séance
- de 20 à 40' : séance de récupération ou de transition
- au-delà de 40' : séance destinée à améliorer la micro irrigation des muscles
et à favoriser l'utilisation des graisses.
Couleur jaune : le footing rapide |
Cette
zone d'allures s'étend de 75% à 90% de la VMA. Bien que nous l'associons le plus
souvent au footing rapide, elle correspond plus justement au passage entre une
course continue à allure régulière et des répétitions alternant les allures
lentes et rapides (intervalles). A des fins de simplification, nous préférons
garder le terme de footing rapide pour signifier l'ensemble des allures et des
procédés d'entraînement relatifs à cette zone.
Certains techniciens ont proposé des noms spécifiques pour signifier un travail
d'alternance allures se démarquant des répétitions de type VMA. Quel que soit le
nom choisi, le seul point qui sépare les alternances d'allures réalisées au
seuil (85% de VMA) du travail d'intervalles réalisé à 100% de la VMA est le fait
que la récupération soit ici facilement malléable dans sa durée mais aussi dans
son intensité. En intervalles, la récupération se réalise presque toujours en
footing lent car l'intensité de course l'oblige. En footing rapide, on peut tout
à fait avoir des parties rapides à 90% de la VMA et des parties "lentes" à 75%.
Selon les terminologies, cette zone comprend une partie du footing moyen, la
totalité du footing rapide et la partie inférieure des allures d'intervalles.
Dans la terminologie Cottereau, elle couvre la partie supérieure de la
résistance douce et inférieure de la résistance dure.
Différentes séances se retrouvent dans cette gamme d'allures :
- séance de footing actif : les vitesses principales s'étendent du footing moyen
au footing rapide, de 75% à moins de 85% de la VMA. La séance utilise des
alternances d'allures ou des répétitions dans cette plage d'allures. Il peut
s'agir d'un footing progressif, d'un footing moyen-vite-moyen ou de répétitions
longues du type : 2x15' à 80%. Le temps total de course peut aller de 20' à 60'.
Dans ce type de travail le temps de récupération n'est pas très important. Les
adaptations se font, avant tout, pendant les phases rapides.
- séance d'intermittent : par rapport au travail précédent, le nombre de
répétitions augmente alors que le temps de chacune d'elles diminue. Les allures
privilégiées vont de 85% à 90% de la VMA. Un exemple de séance peut être : 15'
d'alternances libres entre les deux allures 75% et 90% + 3x1km allure 85%.
Consigne : temps de récupération égal ou inférieur à la moitié du temps de
course.
Ce
type de travail actif est particulièrement intéressant dans la mesure où il
permet de développer les qualités aérobies - enzymes, systèmes respiratoire et
cardio-vasculaire - ; l'aptitude à épargner le glycogène (qui est un grand
sucre) et le style de course sans engendrer de fatigue importante. Ces avantages
permettent - en plus de ce que nous avons dit - de l'utiliser sous une forme
allégée dans deux autres cas de figure.
- au lendemain d'un exercice ayant entraîné de l'acidité. Il permettrait
d'accélérer la récupération plus avantageusement qu'un footing lent.
- quelques jours avant une compétition il permet de créer la sensation de
vitesse sans se fatiguer. Dans ces deux cas, les séances sont réduites en
quantité. Une séance peut par exemple se résumer à 2 x 5' à 80%.
Dans la zone jaune, la durée de l'effort est limitée par les réserves du muscle
en sucre.
Remarque : les allures jaunes sont souvent déficitaires chez les coureurs de demi-fond court. Nous verrons que ce déséquilibre peut avoir des conséquences fâcheuses.
Couleur orange : les intervalles |
Parfois
appelé fractionné, intermittent ou interval training, le travail par intervalles
utilise des allures s'étendant de 90% à 105% de la VMA. Le terme "intervalles"
est utilisé en référence au fait que, historiquement, le moment important de ce
type d'entraînement était l'intervalle de récupération situé entre deux périodes
de courses (histoires/l'interval training).
La couleur orange est la gamme par excellence du travail sur piste. Les séances
consistent en des répétitions de courses séparées de périodes de repos (les
intervalles). La durée des récupérations est égale ou inférieure au temps de
course.
-
VMA par
répétitions longues
: appelées aussi séance de VMA en volume ou en capacité, ces séances consistent
en des répétitions de course d'une longueur variant le plus souvent entre 800m
et 2000m. L'allure de course est proche de 95% de la VMA. La récupération est
égale ou inférieure au temps de course. Une séance type pourrait être : 5x1000m
récupération de 2'.
Le volume total d'un entraînement peut aller de 4 à 10km. Ces séances
développent énormément les qualités maximales aérobies mais elles induisent, en
contre partie, une fatigue très importante. En outre, elles s'accompagnent d'une
quantité importante d'acidité.
- le fartleck : il consiste en des alternances d'allures plus ou moins
contrôlées. Une séance se présente comme un jeu de courses qui permet une
certaine liberté. L'athlète peut tirer parti de sa forme du moment, du terrain -
accélérer dans les côtes par exemple - ou des coéquipiers d'entraînement - un
coureur accélère les autres doivent suivre…-. Les entraîneurs ou les athlètes
qui veulent absolument tout contrôler de leur entraînement n'aiment pas ce type
de travail qui peut conduire à des vitesses dépassant la zone orange. Une
alternative peut être de donner des consignes permettant de circonscrire les
allures. Ainsi, en se donnant la consigne : le temps de récupération n'excède
pas la moitié du temps de course, des allures trop rapides ne pourront être
atteintes.
- le 30"-30" : ce nom original est donné aux séances alternant 30
secondes de course à la VMA et 30" de récupération à allure lente. Selon
l'allure recherchée, toutes les variantes sont possibles sous la forme de :
30"-20", 30"-15", 45"-30", 30"-45". De manière empirique, nous nous sommes
rendus compte que des novices courent à 100% de leur VMA pour une séance de 3x5'
de 30"-30". Des athlètes confirmés atteignent cette allure pour une séance
comprenant 2x10' de 30"-20". Ces séances peuvent donc être utilisées pour
estimer la VMA d'un coureur sans avoir recours à un test progressif.
Ce type de travail par alternance d'allures permettrait à l'organisme d'adapter
sa physiologie aux changements de rythmes. Il donne également la possibilité de
s'entraîner à des vitesses élevées sans engendrer de fatigue importante.
- VMA : La séance de VMA est le travail le plus communément utilisé sur
la piste. Généralement les répétitions ont une longueur comprise entre 200m et
600m. La récupération est inférieure ou égale à la durée de course. Dans les
années 1980, les récupérations recommandées dépassaient le temps de course. La
tendance actuelle est inverse. Pour des 400m, la récupération est souvent
inférieure à 1'. Ce repos moindre permettrait d'éviter une vitesse qui fasse
passer de l'orange au rouge. Elle permettrait également d'empêcher une chute
trop brutale de la consommation d'oxygène. Le volume total de ces séances va en
moyenne de 3000m à 6000m. l'allure est comprise entre 100% de la VMA pour le
500m et 105% de VMA pour les 200 et 300m.
Depuis les années 50, de nombreuses études en physiologie de l'effort se sont
centrées sur le travail de VO2max. Au niveau de l'entraînement, la sollicitation
de la VMA - vitesse correspondant à la VO2max - est rapidement passée pour la
panacée du développement aérobie. La conséquence est qu'à une époque, les
coureurs ne faisaient plus que ce type de travail et du footing lent pour
récupérer. Résultat : des coureurs déséquilibrés qui à terme n'arrivent plus à
progresser. Nous voyons dans le chapitre consacré aux principes de
l'entraînement que la progression passe par un équilibre général lié à la
diversité des qualités. Rapporté à la filière aérobie, ce conseil signifie :
courir à toutes les vitesses du vert à l'orange.
Nous
avons fait le tour des allures et des séances permettant de solliciter la
filière aérobie. La liste n'est, bien sûr, pas exhaustive. Seule notre
imagination la détermine. Par exemple, il est tout à fait possible et même
avantageux de mélanger les types de travail. Rien ne nous empêche de composer
une séance comprenant les trois couleurs.
Les mélanges marchent aussi bien pour les couleurs que pour faire progresser
l'organisme. Si nous les évitons, c'est, le plus souvent, parce que nous avons
peur de ne pas tout contrôler. Pourtant les panachages, quels qu'ils soient, ont
l'immense bénéfice d'accroître l'adaptabilité de l'organisme. Nous rencontrons
ce terme dans le chapitre consacré à l'adaptation (adaptation),
nous le retrouvons lorsque nous parlons des principes de l'entraînement.
Pour établir les allures d'entraînement, nous avons pris un repère : la VMA. Le problème qui se pose à présent est de connaître cette vitesse.
1.4 Evaluer les allures aérobies
Déterminer la VMA : couleur orange |
De
nombreux tests plus ou moins établis permettent d'avoir une idée de la Vitesse
Maximale Aérobie. Selon le protocole utilisé, les allures trouvées peuvent
varier sensiblement. Ces variations sont loin d'être dramatiques pour trois
raisons.
(1) Nous n'avons pas besoin d'être précis à un demi-kilomètre heure près pour
nous entraîner. L'alternance des allures plus que leur précision est garante de
progression.
(2) La VMA n'est absolument pas une vitesse parfaitement déterminée mais une
zone d'allures
(3) Dans le processus d'entraînement, il importe avant tout de savoir si
l'athlète a progressé. Pour ce faire, il suffit de toujours utiliser le même
test.
Si toutefois, vous vous rendez compte que, par exemple, vous n'arrivez pas à
faire des répétitions de 500m à l'allure VMA c'est certainement que cette
dernière a été surévaluée.
Passons aux différentes manières de déterminer la VMA.
-
Test 1
: course continue pendant environ 6' :
Nous avons dit que la VMA est une vitesse de course pouvant, en moyenne être
soutenue entre 6 et 7'. Cette caractéristique donne le premier test possible.
Courir pendant 6' ou sur une distance permettant de se rapprocher de ce temps.
Un coureur national fera un 2500m ou un 3000m, un régional accomplira un 2000m,
un coureur de niveau moindre fera un 1500m ; le tout sur un parcours balisé. La
vitesse moyenne tenue est la VMA.
-
Tests 2
: les tests progressifs.
Ils sont le moyen le plus étudié et le plus répandu pour déterminer la VMA. Le
premier et le plus connu de tous ces tests est le Test de Léger-Boucher appelé
aussi Test sur Piste de l'Université de Montréal (TPUM).
Ils s'effectuent le plus souvent sur une piste balisée de cônes tous les 50m. Le
principe est simple. Une personne ou un magnétophone envoie des signaux sonores.
Ces signaux représentent une vitesse. A chaque signal, le coureur doit se
trouver au niveau d'un plot. Progressivement, la vitesse est augmentée. Le
coureur s'efforce de suivre jusqu'à ce qu'il n'y arrive plus. La vitesse
entièrement tenue à laquelle il abandonne représente sa VMA.
Ce qui
différencie les tests ce sont les durées des paliers - parties du test courues à
vitesse stable - et la différence de vitesse entre ceux-ci. Le plus souvent les
paliers ont une durée de 2' ou 3' ; l'augmentation d'allure étant de 1km/h. Le
passage à un palier supérieur est signifié à l'athlète par un double signal
sonore.
Généralement, la VMA est déterminée par la vitesse du dernier palier entièrement
effectué. Certains entraîneurs choisissent de la pondérer en y ajoutant la
fraction de kilomètre/heure correspondant au rapport entre le temps d'un palier
et le temps effectivement tenu au dernier palier. Un coureur qui a tenu 1/3 du
temps du palier 18km/h avant d'abandonner aura une VMA de 17,3km/h. Une telle
précision n'est pourtant pas nécessaire.
En durée totale, il est préférable que le test ne dépasse pas 20 à 25'. C'est
pourquoi la vitesse du premier palier doit être déterminée en fonction du niveau
de l'athlète et de la durée des paliers. En général, des coureurs de niveau
régional à national commencent à 14km/h. Des coureurs de niveau inférieur
commencent entre 10 et 12 km/h. Enfin, vous pouvez commencer à 6 ou 8km/h si
vous ne pensez pas dépasser 12 ou 13km/h de VMA.
Au niveau matériel, il suffit de disposer d'une piste, d'un tableau de temps de passage par kilomètres/heures, d'un chronomètre, de huit cônes, d'un sifflet et le tour est joué. Selon la durée que vous choisirez pour les paliers vous calculez pour chaque vitesse les temps de passage tous les 50m jusqu'à une distance qui permette d'approcher le temps voulu à quelques secondes près (les paliers dureront parfois 2' parfois 2'08"… ce n'est pas très important). Si ce travail vous ennuie, nous avons placé dans la boutique les feuilles Excel de deux tests progressifs dont un correspond à la version "pratique" du test Léger-Boucher (la boutique).
En France, l'ancien entraîneur national de demi-fond, George Gacon, a popularisé un test derrière vélo appelé test de Brue. Toutefois, cette épreuve ne présente pas d'avantages par rapport à ceux beaucoup plus simples que nous pouvons faire nous-mêmes. En outre, il demande de disposer d'un vélo, d'un walkman et d'une cassette audio.
-
Tests 3
: les séances tests
Si vous ne voulez pas faire de tests progressifs, vous pouvez utiliser des
séances-test. Ce sont des séances d'entraînement dont vous pensez qu'elles
sollicitent approximativement la VMA. Nous vous avons déjà donné des séances qui
se conforment assez bien à l'évaluation de la VMA. Voici deux séances
utilisables pour des coureurs régionaux : 2x (10-12x (30"-20")) ou 10x400m
récupération 50".
Pour des coureurs de niveau moindre une séance de type 3x6'(30"-30) donnent en
moyenne la VMA. Nous répétons qu'il s'agit d'une moyenne.
Ces séances sont intéressantes dans la mesure où elles n'obligent pas à la
préparation matérielle et psychologique des autres tests. Elles peuvent ainsi
être répétées plus souvent. Toutefois leur précision est moindre que celle des
autres évaluations.
Déterminer le seuil anaérobie : couleur jaune |
Là encore, il existe une grande quantité de tests permettant d'évaluer le seuil anaérobie qui rappelons-le est "l'appellation physiologique" du footing rapide. Si vous voulez avoir un aperçu de la diversité des protocoles vous pouvez vous rendre au secteur physiologie. Nous nous limiterons dans ce chapitre à donner un ou deux tests plus simples et plus pratiques que ceux proposés par la littérature scientifique.
Le seuil anaérobie se situe à des allures pouvant généralement être tenues entre 30' et 1h. Partant de ce constat, un moyen simple d'avoir une idée de son niveau consiste à accomplir une séance dont le volume total s'approchera de ces temps de course. Vous pouvez vous rendre sur un parcours plat dont vous connaissez la distance et faire 2x20' de footing rapide - ou 2x15' selon votre niveau - en vous efforçant de maintenir une allure régulière du début à la fin. A l'issue de la séance vous regardez le temps que vous avez réalisé, vous le convertissez en vitesse. Cette dernière correspond à votre seuil. Nous vous conseillons de ne pas regarder vos temps de passage et de vous fier à une allure subjective à laquelle vous vous sentez courir vite sans ressentir de fatigue excessive. Le but est, en effet, de déterminer une vitesse utile à l'entraînement et pas de se "déchirer" pour prouver sa propre valeur.
Une
autre méthode de détermination du seuil allie la connaissance des vitesses, le
tâtonnement à la fréquence cardiaque. L'idée est d'accomplir des périodes de
course de 5' sur un parcours balisé en maintenant la fréquence cardiaque (FC)
stable pendant les trois dernières minutes d'exercice. Votre vitesse est donc
dictée par la stabilité de la FC. Pour que vous puissiez connaître la vitesse de
course correspondant à une fréquence cardiaque stabilisée, la deuxième partie du
parcours doit être balisée. Par exemple, vous devez pouvoir chronométrer le
temps que vous mettez à parcourir les 500 ou 800 derniers mètres de chaque tour.
Vous démarrez avec l'objectif de tenir une FC cible. Vous pouvez courir le
premier tour à une FC de 150puls/min. Après la première minute de course vous
essayez de stabiliser votre allure à une FC proche de 150. Ceci étant fait, vous
regardez le temps que vous mettez pour accomplir la dernière partie du tour.
Vous récupérez par exemple 3' - toujours de la même façon - puis vous repartez
en vous efforçant de tenir une FC de 150 + 5. Vous répétez cette méthode
plusieurs fois. Arrivera un moment ou vous ne pourrez plus obtenir la stabilité
de la FC autrement qu'en stabilisant l'allure du palier précédent ou en ne
l'augmentant plus de manière significative. Le palier précédent ce moment
s'approche de votre seuil anaérobie.
Après la prise en compte du seuil et de la VMA, un dernier indicateur peut compléter la connaissance de votre aptitude aérobie : l'indice d'endurance.
Connaître son indice d'endurance |
Que sa
quo qu'un indice d'endurance ? Pour le savoir choisissons parmi la liste des
prétendants une définition à l'endurance.
Etant donné ce que nous cherchons à établir, partons d'une acception largement
utilisée. L'endurance est la faculté à maintenir le plus longtemps possible un
certain niveau de puissance. Rappelez-vous, ce que nous avions dit du terme
capacité. La définition que nous venons de donner à l'endurance en fait un
synonyme du terme capacité. Selon cette approche, l'endurance n'est pas une
qualité générale mais un indicateur qui s'applique à une vitesse donnée. Par
exemple, soit deux coureurs ayant la même VMA et à qui on demande de courir le
plus longtemps possible à cette vitesse. Supposons que le premier s'arrête après
5' de course tandis que le second maintient l'allure plus de 8'. Nous pouvons
dire que le second coureur à une meilleure endurance à la VMA que le premier.
L'expression "à la VMA" est importante. En effet, il est possible qu'au niveau
du seuil, par exemple, le coureur 1 soit plus endurant que le coureur 2.
Partant de ce constat, un certain nombre de scientifiques et d'entraîneurs ont
cherché à établir un indicateur suffisamment général de l'endurance de
l'ensemble de la filière aérobie. Au premier rang de ces chercheurs se trouve le
professeur François Péronnet de l'Université de Montréal. De ses travaux a
émergé, entre autres, la notion d'indice d'endurance
Ce
concept prend en compte deux principes :
- le premier part du constat que lorsque la durée de l'effort - ou la distance
de course - augmente, la vitesse de course diminue.
- le second dit que la diminution de vitesse avec le temps - ou la distance -
est plus ou moins marquée selon les athlètes.
Pour illustrer, reprenons un exemple avec deux coureurs que nous appelons A et
B. Supposons que les deux coureurs tiennent une allure égale à 22km/h - disons
110% de leur VMA - pendant un 1500m. Demandons leur à présent de faire un 3000m
puis un 5000m et enfin un 10000m. Nous constatons que le coureur A réalise
respectivement 9', 16', 33' soit 100%, 93% et 90% de sa VMA. De son côté, le
coureur B réalise 9'30", 17' et 37' soit 95%, 87% et 82%. Le coureur B perd plus
de vitesse que le coureur A lorsque la distance de course augmente. Il a une
moins bonne endurance.
Bien quelle soit intéressante, cette approche est difficile à mettre en œuvre dans un processus d'entraînement. En effet, si vous voulez avoir réellement votre indice d'endurance sous la forme d'un chiffre, vous devez faire un petit traitement mathématique qui demande de transformer les temps de course en logarithme. Vous avez alors un graphique avec en abscisse le logarithme du temps de course (ou de la distance) et en ordonné la vitesse de course. Par ailleurs - et c'est encore plus gênant - en toute rigueur, vous devriez réaliser des performances sur des distances très différentes dans un temps réduit à quelques semaines.
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Indice d'endurance "idéal" calculé à partir des records du monde réalisés du 100m au marathon. Les données des deux schémas sont identiques mais le schéma de droite utilise l'échelle logarithmique pour les abscisses. La baisse de la courbe rend compte de la perte de vitesse lorsque la distance augmente. Pour un même athlète, plus la pente de la courbe est importante, moins l'indice d'endurance est bon. |
L'équilibre aérobie
Les difficultés, dont nous venons de parler, peuvent être surmontées par une
méthode proche mais simplifiée. Cette approche compare uniquement deux vitesses
: la VMA et la vitesse au seuil anaérobie. Il suffit d'établir ces deux allures
et de regarder à quel pourcentage de la VMA se trouve le seuil. Ce pourcentage
représente le niveau d'endurance aérobie. Si, par exemple, vous avez une VMA de
16km/h et un seuil à 14km/h vous avez une endurance de 87%.
Rappelons que cet indice n'a de valeur que comparé à une valeur personnelle
antérieure. Pour indication, sachez qu'en moyenne, une endurance comprise en 80
et 85% témoigne d'une filière aérobie équilibrée.
Remarque : avec cette méthode, l'endurance devient la capacité à tenir un haut pourcentage de VMA pendant un temps donné.
Nous en avons terminé de la filière aérobie. Nous vous proposons de passer à la
filière anaérobie acide - couleur rouge - (l'énergie
acide). Nous abordons la programmation dans un chapitre ultérieur. Si
vous souhaitez creuser la physiologie associée à l'aérobie vous pouvez vous
rendre au secteur physiologie (physiologie /
oxygène).
Si le bleu de l'air sied bien à la filière aérobie, le rouge du danger convient parfaitement à la filière acide ; voyons pourquoi.
2.1 Présentation
Arrivée à la VMA, la respiration est à son maximum. Si nous voulons aller plus
vite, elle ne peut plus nous aider. Le mieux qu'elle puisse faire c'est
d'essayer de maintenir son activité à son plus haut niveau. Une autre filière
doit donc venir à notre secours : la filière anaérobie acide. Cette filière peut
nous faire courir plus vite parce que sans oxygène, le "robinet musculaire" est
capable de s'ouvrir beaucoup plus grand que lorsqu'il lui faut attendre que
suffisamment d'air vienne "récupérer ses gouttes".
Le problème pour le coureur est que cette aide n'est pas gratuite. Au passage,
la filière anaérobie déverse de l'acidité dans l'organisme. Or cette acidité a
la propriété de bloquer la contraction du muscle. Résultat, le muscle a de plus
en plus de mal à fonctionner, les jambes peinent à se lever, la vitesse doit
être réduite ou la course arrêtée.
Le
coupable habituellement désigné est l'acide lactique. Ce substrat est, en effet,
produit par la filière anaérobie. Pourtant, l'accusé est innocent. L'acide
lactique accompagne mais ne provoque quasiment pas d'acidité. Mieux encore,
lorsque l'organisme est très acide, il peut l'aider à se rétablir. En fait, le
principal rôle de l'acide lactique est celui de navette. Il transporte son
énergie d'un endroit à l'autre du corps (voir physiologie/lactate).
Les véritables responsables de l'acidité ce sont des petites particules appelées
protons hydrogène. Ce sont elles que l'oxygène vient habituellement récupérer et
renvoyer dans l'atmosphère. Mais lorsque nous voulons courir très vite, elles
arrivent ; plus rapides et plus nombreuses que l'oxygène. Elles s'accumulent
donc sur place sans attendre que l'on vienne les emmener au dehors ; elles vont
bloquer les muscles.
Les vitesses les plus associées à l'acidité représentent une gamme s'étendant de 110% à 150% de la VMA. Les disciplines concernées sont principalement les 200m, 400m, 800m, 1000m et 1500m. En effet, la gêne associée à l'acidité commence à se ressentir au niveau de l'organisme après 20" de course à fond. Elle atteint son paroxysme en 40". Pour une vitesse moindre, l'accumulation est plus lente mais tout aussi difficile à supporter. Demandez aux coureurs de 800m ! Au-delà de 2 minutes de course, l'oxygène arrive un peu mieux à subvenir à l'arrivée de l'acidité.
En dépit de ce que nous venons de dire, il se peut que nous rencontrions les
effets de l'acidité au début d'un footing ou au cœur d'une course de
semi-marathon. Souvenons-nous de ce qui se passe au niveau physiologique. D'un
côté, l'acidité arrive, de l'autre l'oxygène vient l'enlever. Mais l'oxygène est
pépère, il lui faut du temps pour se bouger. Voilà pourquoi vous pouvez être
acide au début du footing.
Par ailleurs, l'oxygène n'est pas patient. Il n'attend pas sur place dans le cas
où davantage d'acidité arriverait plus tard. L'oxygène ne fait que passer. Plus
encore, il n'accepte de s'activer que si l'acidité est déjà là. Dès lors, il
suffit qu'à un moment de la course - à l'occasion d'une côte par exemple -
l'acidité arrive en masse pour qu'elle ne trouve personne pour l'enlever. Elle
va donc s'accumuler et pouvoir accomplir ses méfaits. Le temps que l'oxygène se
bouge, nous ressentirons les effets de l'acidité.
Bien
que l'acidité ait des effets néfastes, les coureurs qui s'expriment sur les
distances comprises entre 100m et 3000m se doivent de développer la filière qui
la provoque. En effet, nous avons dit que c'est le seul moyen dont-ils disposent
pour courir au-delà de la VMA.
Partant des connaissances en physiologie, les entraîneurs cherchent à accroître
trois types de qualités associées à l'acidité :
1- la
possibilité de produire plus d'énergie en un temps donné. L'objectif est
d'ouvrir encore plus grand le robinet acide. Ce type d'amélioration est
l'apanage du travail qui prend le nom de puissance acide -ou puissance
lactique-.
2- l'aptitude de l'organisme à endiguer la montée de l'acidité grâce, nous
l'avons dit, à l'oxygène mais aussi à des systèmes annexes qui lui viennent en
aide. C'est l'objectif poursuivi dans le travail appelé de capacité acide - ou
capacité lactique -.
3- la capacité du muscle à continuer à fonctionner malgré la présence d'acidité.
Cette qualité serait développée par les deux types de travail ; puissance et
capacité. Toutefois le travail de puissance assurerait une progression plus
prononcée.
Voyons, à présent, les séances de course permettant de travailler l'acidité en "puissance" et en "capacité".
2.3 Les séances type
La puissance acide
Nous avons dit que les séances de puissance acide ont pour objectif de
produire beaucoup d'acidité. Pour ce faire, elles supposent l'utilisation de la
vitesse maximale pouvant être tenue sur des distances variant le plus souvent
entre 200 et 350m. Comme le but est d'aller vite, les récupérations doivent être
suffisamment longues. En général, elles ne descendent pas en dessous de 3' entre
chaque course.
Une séance type pour un coureur de 800m est : 5x300m récupération 3'.
Ces séances sont difficiles à supporter quand l'acidité monte. Elles doivent être réduites ou arrêtées si le style et l'allure de course se désagrègent. Elles font progresser très rapidement mais provoquent une fatigue et des altérations musculaires qui ne sont pas sans conséquences à terme. C'est pourquoi elles sont généralement utilisées pendant un temps limité - en tout début de travail acide ou en phase d'affûtage - et avec des coureurs de demi-fond court déjà aguerris.
La
capacité acide
Les
séances de capacité acide visent avant tout à favoriser l'enlèvement de
l'acidité. Elles sont organisées de manière à ce que acidité et processus
assurant son enlèvement se retrouvent le plus possible en balance. Cela peut
passer par différents types de travail.
- Les
séances à allure régulière
Elles sollicitent les vitesses comprises entre 110 et 120% de la VMA ce qui
correspond aux allures de 1500m-800m. La durée privilégiée des efforts varie de
1' à 2' ce qui équivaut - selon le niveau - à des distances comprises entre 300m
et 800m.
Ces séances s'apparentent aux entraînements parfois appelés spécifiques 1500 ou
spécifiques 800. Pour un coureur de 800m, une séance type pourrait être :
(100+3x300) + (500-300-100) avec des récupérations réduites entre les courses -
de l'ordre de 1 à 2' - et importantes entre les séries - de 6 à 12' -.
Pour aller plus vite, les séances à allure régulière peuvent se faire sur des
distances moins longues mais avec plus de répétitions. Une séance pour un
coureur de 1500m pourrait alors être : 2x(6x300m) récupération 1'30" entre les
courses et 4' entre les séries.
- les
séances de variations d'allures
Dans ce type d'entraînement, la subtilité consiste à jouer sur différentes
vitesses de course et sur les récupérations pour arriver à faire le "yo-yo"
entre l'arrivée et le départ de l'acidité.
Les alternances d'allures peuvent être plus ou moins marquées. Elles peuvent se
trouver au sein d'une même course ou entre les répétitions ; les allures peuvent
être plus ou moins proches de la vitesse de compétition…
Par exemple, un 800m peut être fait sous forme de 50m à fond - 50m footing lent,
un 500m être décomposé en 300m allure 110% de VMA et 200m allure 120%.
Les variations d'allures peuvent être entrecoupées de récupérations incomplètes.
Une séance peut alors prendre la forme de répétitions de (400-200) avec 1' de
récupération entre les deux courses et 3-4' entre les séries, le 200m étant
réalisé à une vitesse plus élevée que le 400m.
Remarque : cet arrangement de séance ne se réduit pas à la capacité acide. Nous
pouvons chercher à faire progresser l'allure au seuil anaérobie en alternant des
passages légèrement au-dessus et d'autre légèrement en dessous de l'allure
cible.
Enfin
d'autres astuces existent pour atteindre l'objectif que l'on se fixe.
Nous pouvons, par exemple, chercher une accumulation progressive d'acidité en
réduisant progressivement les récupérations entre les courses tout en maintenant
la vitesse initiale. Nous verrons dans le chapitre consacré à la programmation
sur quels critères peut s'appuyer la construction d'une séance d'entraînement.
Mais attardons-nous, pour le moment, sur l'évaluation simplifiée des qualités acides d'un athlète.
2.4 Evaluer les qualités acides
Attention : Cette évaluation ne concerne pas les coureurs spécialistes des
distances supérieures au 5000m !
De même qu'il existe quantité de tests aérobies, l'évaluation des qualités acides peut faire appel à plusieurs épreuves. Nous nous contenterons de donner des moyens simples de savoir si un athlète a une bonne capacité à créer, résister et enlever l'acidité.
La
première épreuve consiste en un test de 300m à réaliser à vitesse maximale. Le
300m est balisé tous les 50m. Un chronométreur prend le temps à l'arrivée ainsi
que tous les 50m. Les qualités de puissance acide sont déterminées par le temps
effectué au test. La capacité à résister à la montée d'acide s'évalue en
établissant la différence entre le temps réalisé au dernier 50m et le temps du
2ème 50m (dernier 50m moins 2ème 50m). Plus cette différence s'approche de 0
plus l'athlète a une bonne capacité à supporter l'acidité. Cette interprétation
doit cependant être rapportée au temps total réalisé. En effet, il se peut que
l'athlète ait une différence de temps faible parce qu'il n'arrive tout
simplement pas à produire de l'acidité !
Encore une fois, ce test prend de l'importance uniquement si l'athlète se
compare à lui-même. Si après 4 semaines d'entraînement la différence est passée
de 2" à 1"2 ; bien qu'elle reste conséquente, nous pouvons estimer que le
travail a porté ses fruits dans ce secteur de course.
Une variation du test précédent consiste à remplacer le 300m par un 500m (épreuve de Lemon) ou un 600m (épreuve utilisée dans les années 1980, pour l'évaluation des jeunes athlètes soviétiques). Avec l'allongement des distances, c'est principalement le versant capacité de la filière acide qui est évalué.
Dans
le chapitre que nous venons d'aborder, nous avons signalé que l'acidité se
ressent à partir d'une vingtaine de secondes courues à vitesse maximale. Est-ce
à dire qu'elle n'existe pas pour des temps de course inférieurs ?
En fait, elle existe tout autant mais ces effets sont réduits et localisés. En
pratique, les physiologistes des années 1960 puis les entraîneurs ont préféré
les négliger. S'appuyant sur les propriétés chimiques de l'ATP (nous nous
souvenons : la seule énergie directement utilisable par le muscle) et d'un
composé qui lui ressemble, ils ont fondé une troisième voie énergétique.
Cette voie nous la découvrons dans la page suivante : la filière anaérobie anacide (énergie anacide).
La filière aérobie utilise l'oxygène, la filière acide produit de l'acidité. La filière dont nous parlons dans cette page ne fait ni l'un, ni l'autre.
3 la filière anaérobie anacide : sans air et sans acide
Tout
est dit dans le titre. L'énergie apportée par cette voie ne nécessite par d'air
et ne produit pas d'acide. Vous allez me dire que c'est le nirvana. Ni besoin de
respirer, ni besoin de supporter les "jambes lourdes et gonflées" ! Mais…
Nous avons juste assez d'ATP pour courir environ 1". Et le composé voisin qui
l'accompagne - la créatine phosphate - peut le relayer quelques secondes de plus
mais c'est tout. Au-delà de ce temps, si ces deux éléments ne sont pas
reconstitués, la course s'arrête.
L'ATP
et sa cousine la créatine phosphate - CP - ressemblent à des grains d'énergie
contenus à l'intérieur d'un réservoir dans lequel le muscle vient puiser pour se
contracter. Quand le réservoir est vide, le muscle n'a plus "à manger", il ne
peut plus se contracter. Pour qu'il continue, l'organisme doit pouvoir remplir
le réservoir d'énergie.
Les petits ouvriers qui s'entachent à ce travail sont apportés par les deux
autres voies énergétiques : la filière aérobie et la filière anaérobie acide.
Seules ces deux voies transforment l'énergie des aliments, la troisième dont
nous parlons ne fait que la récupérer. Elles sont les préposés de la troisième.
Le seul geste que fait la filière anaérobie anacide envers ses deux acolytes,
c'est de les prévenir qu'ils doivent se mettre au travail. Comment ? C'est très
simple !
Quand un ATP se dégrade, il envoie un signal aux deux autres filières leur
intimant l'ordre de s'activer. La voie la plus rapide - la filière acide -
s'active suivie de peu par le deuxième larron. Toutes deux vont alors s'efforcer
de maintenir un niveau constant dans la boîte à énergie.
3.2 Les allures de course
Elles vont de la vitesse maximale à la vitesse pouvant être tenue environ 20".
En termes d'entraînement, ces deux allures sont souvent appelées vitesse courte
et vitesse prolongée. Au niveau physiologique, nous retrouvons les appellations
puissance et capacité anaérobie anacide (ou anaérobie alactique).
Les distances comprises entre 30m et 150m permettent d'assurer la sollicitation
de la filière anaérobie anacide.
3.3 Les séances type
Au-delà du demi-fond court, la vitesse n'est pas le type de travail le plus
utilisé. Il faut dire qu'il ne provoque pas les adaptations les plus utiles à la
réalisation de performances sur des distances comprises entre 3 km et 100 km.
Pourtant, le coureur à pied aurait tort de délaisser complètement l'entraînement
à la vitesse. Il permet, en effet, de retrouver un dynamisme musculaire que les
longues séances de course amènent à perdre. Il peut également aider à sortir
d'une foulée stéréotypée, incapable de s'adapter à des changements d'allures.
L'astuce habituelle consiste à intégrer le travail de vitesse à d'autres séances
de course. Elle peut ainsi venir après un échauffement, à la fin ou pendant un
footing.
Quoi qu'il en soit, tous les coureurs trouveront avantage à faire des "lignes"
alliant vitesse, travail technique et relâchement sur la fin de leurs séances.
Quant aux coureurs de 800-1500, ils pourront réserver des séances entières à la
vitesse courte et/ou prolongée. Une séance associant les deux types d'allures
pourrait être. (150 progressif - 50 m) - (150m -50m) - (150 Vite-Relâché-Vite -
50m) le tout répété trois fois. Les récupérations devraient être suffisamment
importantes pour ne pas provoquer de chute de la vitesse de course. Elles
devraient permettre à l'organisme de reconstituer la boîte à énergie tout en
s'apprêtant toujours à répondre à l'ordre d'aller vite de suite. En pratique, un
retour en marchant suivi de quelques dizaines de secondes de trot permettent
d'obtenir ces effets.
Le problème de la vitesse est que, souvent, les coureurs à pied sortent d'une séance avec l'arrière des jambes tendu pour quelques jours. Cette nuisance est due à une contraction importante des chaînes musculaires postérieures. Elle peut être amoindrie par un bon échauffement préalable et surtout par des exercices d'étirements réguliers (secteur médical/étirements).
3.4 Evaluer les qualités
anaérobie anacide
Attention : cette évaluation ne concerne pas les coureurs de fond et de
demi-fond long !
Le
moyen le plus simple d'évaluer le niveau atteint par la filière anacide est de
réaliser une performance sur une distance choisie entre 20m et 200m selon le
versant de la filière que nous souhaitons connaître.
Si nous voulons connaître notre niveau en vitesse courte, nous pouvons, par
exemple, accomplir trois fois de suite un 30m départ lancé en séparant les
courses d'une bonne récupération. Pourquoi en faire trois ? Parce que sur ces
distances, les erreurs de chronométrages peuvent être aussi - voir plus -
importantes que la progression enregistrée. En faisant trois prises et en
éliminant les temps extrêmes nous réduisons ces risques.
Le versant capacité de la filière anacide peut être évalué en ajoutant à
l'épreuve précédente une course sur 150m -ou 200m-. Nous n'avons plus qu'à faire
la différence entre la vitesse tenue 150m et celle tenue sur 30m. Plus cette
différence est faible, plus notre aptitude à faire durer la filière anacide est
bonne.
Toutefois, une fois encore, il convient de prendre garde à une telle
interprétation. En effet, la faible différence entre les deux vitesses peut
provenir d'une incapacité à aller vite en vitesse très courte. Ceci est fort
possible surtout concernant les coureurs de demi-fond. Seule la comparaison des
deux performances de pointes à partir d'une base commune - qui peut être un
entraîneur expérimenté ou un tableau de correspondances d'épreuves - pourra
trancher le débat.
La limite des évaluations qui précèdent vient du fait qu'elles ne prennent pas en compte que les dispositions anaérobie anacide. Elles évaluent également, l'habileté technique et la force. Mais qui serait capable de déterminer les seules aptitudes physiologiques d'un organisme ? Et puis quel intérêt aurait cette évaluation pour l'entraînement ? Rappelons-nous que nous travaillons sur la base des qualités physiques comme expression de l'aptitude à réaliser une performance dans un environnement précis.
Filières aérobie, anaérobie acide et anacide sont les trois composantes prises
en compte au niveau de l'énergétique appliquée à l'entraînement. Vous pouvez
voir dans le tableau consacré aux voies énergétiques que leur importance
respective varie considérablement selon la distance de course. Il est évident
que le temps d'entraînement qui leur est accordé s'adapte en conséquence.
Les
trois pages consacrées à la transformation de l'énergie pour la course étant
terminées, nous vous rappelons que vous trouverez leur complément beaucoup plus
étoffé dans le secteur physiologie (physiologie).
Nous vous proposons, à présent, de passer à l'utilisation de cette énergie dans
le mouvement. (l'économie)
Dans les trois premières pages de ce secteur, nous avons parlé de la transformation de l'énergie. Dans cette page, nous voyons comment utiliser au mieux cette énergie.
4 Utiliser l'énergie :
l'économie de course
La moitié de l'énergie que nous utilisons pour courir vient directement des
substrats ; l'autre moitié est récupérée par les structures élastiques du corps.
Cette deuxième énergie est gratuite. Pour savoir comment le corps se fait grand
récupérateur d'énergie vous pouvez vous rendre au secteur biomécanique (biomécanique).
Vous y trouverez toutes les astuces permettant de faire de votre course un geste
plus économique.
Nous ne nous attardons donc pas sur la présentation de cette "énergie gratuite" et passons directement au travail permettant de la développer.
4.1 Les consignes techniques
Chaque coureur a un style de course qui lui est propre. C'est de ce style que
nous devons partir avec un double objectif. Tenter de le comprendre pour
éventuellement le changer. Le transformer pour l'amener vers quoi ? Le respect
des principes qui assurent l'efficacité du geste de course.
Brièvement, rappelons les principes à respecter au moment de l'appui pour
parvenir à profiter pleinement de l'énergie gratuite de la course.
- principe 1 : dur et aligné du pied à la tête
- principe 2 : doux en dessous du pied
En pratique ce style de course s'obtient grâce à une pose de pied qui s'effectue
par la plante et grâce à une résistance à l'écrasement du membre inférieur.
Le
premier moyen de faire progresser son efficacité en course est de toujours
porter attention à ces deux critères ; que ce soit pendant les exercices
techniques ou pendant la course elle-même.
L'effort d'attention est particulièrement important lorsque la fatigue arrive.
En effet, l'épuisement a tendance à provoquer un affaissement complet du corps
et une difficulté accrue à concentrer son attention. Dans ces moments là, le
style de course se dégrade considérablement. Il nous reste peu d'énergie et
comble du malheur, nous la gaspillons.
Le second moyen consiste à travailler spécifiquement la technique de course à travers de petits exercices incontournables. Dans la partie qui suit, nous donnons toute une gamme de ces exercices techniques. Rappelons que leur exécution suppose le respect des consignes dont nous venons de parler et qui peuvent s'exprimer par les sentences : haut sur l'appui et doux dessous.
4.2 les exercices types de
technique course
Les exercices que nous abordons ci-dessous constituent des incontournables qui
permettent d'activer une technique de course correcte. Rappelons qu'ils ne
servent à rien et sont même néfastes s'ils ne sont pas bien faits.
Ils constituent des aides pour arriver à une course plus économique. Pour ce
faire, ils jouent sur les qualités élastiques (voir
biomécanique) mais aussi de
relâchement, de coordination, de vitesse, de justesse du mouvement et enfin de
force du coureur.
Quelques exercices :
|
cycle de jambe à l'arrêt |
|
|
|
foulée en cycle avant |
4.3 Quand et où placer la
technique course ?
Selon l'objectif poursuivi, la technique course peut être utilisée aux
différents moments de la séance.
- En début de séance elle joue le rôle de rappel des principes
élémentaires de la course. En outre, elle permet de compléter avantageusement
l'échauffement. Elle peut être placée pendant ou après le footing
d'échauffement. A ce stade de la séance, les exercices qui sollicitent les
masses musculaires postérieures des cuisses (talons-fesses, tiré-jambe, course
tracteur…) sont particulièrement conseillés. En effet, le footing ne permet pas
d'élever la chaleur dans cette région du corps. La technique course faite de
manière relâchée, sans violence, permet de palier à ce défaut d'échauffement.
Elle assure ainsi une meilleure préparation à la course rapide.
-
Pendant la séance ; par exemple au milieu de la course ou entre les
répétitions. Le travail de technique permet alors de faire attention au "bon
style" et surtout , il permet d'améliorer le transfert entre l'exercice
technique et la course. En effet, certains coureurs sont très bons lorsqu'il
s'agit de faire des gammes mais deviennent très mauvais en course. Ils gagneront
à faire en sorte de fondre de plus en plus la course et la technique l'un dans
l'autre. Ils pourront par exemple terminer chaque exercice par un passage
progressif à la course. Pendant les distances courues - au milieu d'un 400m par
exemple, ils pourront se réserver des passages de quelques secondes - environ 30
à 50m - réservés à la technique. L'objectif est, rappelons le, de fondre de plus
en plus course et technique l'un dans l'autre. Que la technique imprègne la
course et la course imprègne la technique.
- En fin de séance. La fatigue détruit tout ce que nous essayons
d'apprendre. Si nous tentons d'améliorer notre technique nous pouvons être
assurés que cette dernière va s'enfuir prestement avec les premiers signes
d'épuisement. Si nous voulons consolider ce que nous apprenons alors
accordons-nous du temps, en fin de séance, pour rappeler à notre corps que le
geste qu'il doit mettre en mémoire c'est bien le geste juste que nous lui
donnons à accomplir en dernier.
La
continuité qui tend à faire passer la technique dans la course peut servir de
fil conducteur tout au long du processus d'entraînement ; des phases de
préparation générale à l'objectif de compétition. La démarche consiste alors à
passer de gestes divers pouvant être éloignés du style de course à un geste
technique situé à l'interstice entre le style de l'athlète et celui recherché en
course.
Quoi qu'il en soi, la technique de course est une donnée profondément inscrite
dans la biologie du coureur. Pour tenter de la changer, non seulement nous
devons la comprendre comme un tout composé de parties en interactions mais aussi
nous devons répéter le geste juste des milliers de fois !
Si vous le voulez bien, nous poursuivons notre exposé des qualités du coureur
par une aptitude tout à faire complémentaire à la technique, l'aptitude à la
force (la
force).
Quelle que soit notre spécialité, si avec la fatigue nous sommes obligés de réduire l'allure, c'est - pour une raison ou pour une autre- que nous n'arrivons plus à déployer suffisamment de force. Voilà le constat qui peut conduire un athlète à se dire que finalement le travail de force n'est peut-être pas réservé aux seuls haltérophiles. L'idée pour la course est qu'un muscle plus fort résistera plus longtemps.
La
controverse est pourtant marquée entre les partisans et les détracteurs de
l'entraînement à la force. C'est que l'entraînement à la force peut, s'il est
mal réalisé, induire des adaptations néfastes au coureur. Nous devons garder à
l'esprit que les qualités de force sont relatives au poids du coureur et à la
vitesse d'exécution du mouvement. Elles ne doivent pas induire un gain de poids,
ni nuire à la vitesse de réalisation. Concernant le poids, l'entraîneur de Ovett
et de l'équipe d'Angleterre déclarait que le premier devoir d'un coureur à pied
était de ne pas transporter de masse inutile.
Plus généralement, force, vitesse, puissance forment un ensemble qui doit tendre
à se rapprocher des conditions rencontrées en course.
Ce que nous disons, c'est que l'entraînement de la force doit être adapté à la course. Pour l'athlète de demi-fond et de fond, il doit viser à l'amélioration de la puissance et de la durée de la contraction musculaire sans engendrer de prise de poids. L'objectif ultime est d'améliorer le rendement de la foulée en conditions habituelles ainsi qu'en état de fatigue.
5.1 Présentation : les types de
force
Les hommes de laboratoire et de terrain distinguent plusieurs sortes de forces
selon le mouvement des muscles qui la génère. Comme nous allons le voir, ces
forces sont mises en œuvre à des moments successifs de la foulée.
-
la force isométrique
Imaginez-vous le dos plaqué contre un mur, bien droit à l'aplomb de vous vos
"jambes" qui elles sont pliées. Vous êtes dans la position que l'on appelle par
analogie de forme : la chaise. Pour vous maintenir dans cette position, vous
contractez un certain nombre de muscles parmi lesquels les plus sollicités sont
ceux de l'avant de vos cuisses. Bien que contractés, ces muscles n'ont pas bougé
depuis le début de l'exercice. Ils travaillent sans créer de mouvement, sans
changer de longueur. Ils sont en contraction isométrique.
Ce type de contraction se retrouve en course lorsque le membre inférieur doit
soutenir le corps au moment de l'appui.
Le travail en contraction isométrique a l'avantage de ne pas développer la masse
musculaire. Il sollicite, en effet, de manière prépondérante la commande
nerveuse qui demande au muscle de se contracter. Il est souvent utilisé en début
de série pour induire une pré-fatigue.
La
force concentrique
Imaginez
maintenant que depuis votre position "chaise" vous décidiez de vous propulser
vers le haut. Vos bras vont entamer un mouvement ascendant et vos jambes vont
progressivement se déplier. Le principal artisan de ce déploiement des jambes
est toujours le muscle situé à l'avant des cuisses ; le muscle appelé
quadriceps. Pour permettre cet envol, ce muscle se contracte en se
raccourcissant. Il rapproche ses deux extrémités dans un travail appelé
concentrique. L'image à retenir est que le muscle se "concentre".
Dans le geste de course, la contraction concentrique du quadriceps suit de près,
la contraction isométrique liée à la phase d'appui. Elle permet de repartir au
moment de la phase dite "de poussée". Ce type de travail en concentrique est
particulièrement important lorsque vous montez des escaliers ou lorsque vous
courrez en montée.
-
La force excentrique
Après vous être propulsé en l'air, la pesanteur va rapidement vous faire
retomber en sol. Vos membres inférieurs vont alors s'appuyer au sol et exercer
une résistance pour éviter que vous vous retrouviez les fesses à terre. Cette
action est, une fois de plus, le fait de votre quadriceps qui travaille en
s'opposant à une force qui tend à l'allonger. Mais il a beau résister, il va
tout d'abord s'allonger légèrement. Rapidement, la force qu'il va générer pourra
équilibrer le force extérieure. Alors votre chute s'arrêtera. Pendant la
première partie du contact au sol, votre muscle travail en excentrique. Il
s'allonge, ses deux extrémités s'éloignent.
Dans la course, le travail excentrique du quadriceps accompagne, là aussi, la
réception au sol. C'est pourquoi il est très important dans les descentes.
La contraction excentrique est celle qui permet le plus de gain de force. En
revanche, elle provoque des lésions profondes du muscle et s'accompagne d'une
douleur qui peut être très intense dans les 48 à 72h suivant la séance. Il
convient donc de l'utiliser avec prudence.
-
la force
pliométrique
Il arrive
parfois que les trois phases de contraction - excentrique suivi de isométrique
et de concentrique - se suivent à une rapidité telle qu'il devient impossible de
les différencier. On parle alors de contraction pliométrique. Ce type de travail
du muscle est particulièrement intéressant car un peu à l'image de l'élastique
que l'on étend et qui retrouve de lui-même sa forme initiale (secteur
biomécanique), il permet de récupérer
l'énergie emmagasinée pendant la phase d'étirement (excentrique) pour l'utiliser
dans la phase de contraction (concentrique).
La conséquence est qu'en pliométrie, le muscle peut développer une force 1,5 à 2
fois supérieure à la force isométrique maximale.
C'est ce type de contraction qui est recherché pour obtenir une course efficace
c'est à dire bénéficiant au maximum de l'énergie gratuite du mouvement (secteur
biomécanique). Visuellement, elle se traduit par un appui au sol très rapide ;
le pied donnant l'impression d'effleurer le terrain sans jamais s'y enfoncer.
-
Associations privilégiées
Parmi les
quatre modes de contraction que nous avons abordés, les chercheurs ont constaté
que certains se mariaient mieux que d'autres. Les couples privilégiés sont :
- isométrique et concentrique
- excentrique et concentrique
- pliométrique et isométrique
- pliométrique et concentrique
Ces couples donnent des tendances. Ils n'excluent pas les ménages à trois.
Gardons à l'esprit le rôle majeur de la diversité.
5.2 Force spécifique et
renforcement général
Dans l'exemple que nous venons d'utiliser nous avons beaucoup parlé du rôle du
muscle situé en avant de la cuisse. Dans la course, c'est lui qui fait l'objet
du plus d'attention quand il s'agit de gagner de la force. En effet, il
participe très directement à la phase de réception et de renvoi. L'autre groupe
musculaire important de la foulée est situé à l'arrière de la cuisse. Comme la
plupart des autres muscles des membres inférieurs il est grandement sollicité
dans la course.
En revanche, les autres groupes musculaires du corps n'interviennent pas
directement dans la foulée. Ils jouent souvent un rôle de soutien et pas de
propulsion.
Cette différence de statut vis à vis du geste de course permet de différencier
le travail de renforcement spécifique des exercices de renforcement général.
La force spécifique s'adresse à tous les muscles directement impliqués dans la
course. A savoir ceux de la partie arrière -fessiers, ischios-jambiers, mollets
- et avant - psoas, quadriceps, extenseur des orteils… - des membres inférieurs.
A un moindre niveau, le renforcement spécifique concerne également les muscles
latéraux -placés à l'extérieur et à l'intérieur des cuisses et des jambes -
s'activant lorsque les muscles principaux de la course sont fatigués.
Le renforcement général s'adresse à tous les muscles du corps -bras, dorsaux,
abdominaux…. Il utilise principalement les modes de contraction isométrique et
concentrique. Rappelons que l'objectif principal de ce travail est d'assurer le
soutien et la solidité du corps de manière à permettre une bonne transmission
des forces et une prévention efficace des blessures.
Nous avons rassemblé un certain nombre d'exercices de renforcement général dans
le répertoire que nous donnons en fin de chapitre.
Attention !
Avant de
passer aux séances, nous aimerions attirer votre attention sur le fait que le
travail de musculation n'est pas neutre pour l'organisme. S'il est mal fait ou
s'il ne s'inscrit pas dans un entraînement équilibré, il peut conduire au mieux
à une perte de force et d'efficacité du geste, au pire à une blessure.
Pour
éviter ces risques, il convient en premier lieu d'exécuter correctement les
exercices. Dans le répertoire de situations que nous vous donnons en fin de
chapitre, les exercices sont accompagnés de consignes assurant une bonne
réalisation.
Par ailleurs, le travail de force gagnera à être soutenu et compensé par de
nombreux exercices de souplesse et de technique course.
- Concernant la technique : au-delà de la seule force d'un muscle, le gain de
force est également du à des coordinations qui se réalisent entre les muscles et
qui sont spécifiques aux mouvements utilisés à l'entraînement pour améliorer la
force. Si nous entraînons notre force sur un vélo d'appartement nous deviendrons
un super cycliste mais nous régresserons certainement en course ! Au sein d'un
entraînement, il convient de rechercher des situations qui rapprochent le muscle
du geste de course. La combinaison d'exercices variés et de périodes de course
ou de technique permet de répondre à cette exigence.
- Concernant les étirements : même très développé, un muscle qui reste contracté
- qui ne sait plus se relâcher, retrouver sa longueur initiale - est un muscle
affaibli pour le mouvement. Il risque d'enlever de la fluidité à la course, de
rendre la foulée étriquée. Bref, il amoindrit l'athlète.
Le travail de souplesse permet d'éviter ces désagréments. Il assure l'équilibre
entre force, souplesse et relâchement (les
étirements).
Voyons à présent comment prendre en compte ces conseils pour construire une séance.
5.3 Les séances
Elles peuvent se faire sur le terrain ou dans une salle de musculation. Compte
tenu du peu de coureurs à pied qui utilisent les barres d'haltérophiles, nous ne
nous étendrons pas sur le travail en salle. Signalons, tout de même, que
l'exercice avec barres le plus utilisé par les athlètes est le squat - ½ squat.
Il consiste en une alternance de flexions des deux membres inférieurs jusqu'à la
position chaise - ½ chaise et d'extensions ramenant à la position verticale. Cet
exercice permet de développer la force du quadriceps.
Il peut être réalisé selon des modalités et dans des contextes différents. Il
est possible, en outre, de l'intégrer à un circuit de renforcement.
Les
circuits
Les
circuits constituent la forme privilégiée d'entraînement à la force des coureurs
à pied. Ils cumulent en effet les avantages. Ils permettent en outre :
- d'associer la course et la technique au renforcement musculaire
- de varier les situations à l'infini
- d'accomplir un volume important de travail sans pour autant qu'il soit
rébarbatif.
Les circuits consistent en une succession d'exercices de renforcement entrecoupés de périodes de course. Les exercices se présentent souvent sous forme d'ateliers dans lesquels il s'agit de réaliser un mouvement bien précis.
La
variété des circuits n'a de limite que celle de l'imagination de son auteur.
Cependant, comme nous organisons le processus d'entraînement en général, il est
intéressant de les construire de manière à respecter certains principes.
Ces principes sont l'expression d'un certain nombre d'interrogations sur la
place du circuit dans le processus d'entraînement prit dans sa globalité.
L'entraîneur pourra se demander : Quels types de contractions privilégier ? Sur
quels groupes musculaires préférentiellement ? Pendant quelles durées ?
L'intensité souhaitée suppose-t-elle d'ajouter des poids au corps de l'athlète
ou non ? Si oui, quelle masse ajouter ?
Les réponses à ces questions évoluent en fonction de la période d'entraînement
et de l'objectif visé. Sachez tout de même que l'utilisation de surpoids n'est
pas anodine. Il est recommandé de ne pas dépasser un poids ajouté égal à 10-15%
du poids de l'athlète.
En plus des circuits - et à l'image de ce que nous avions suggéré avec le travail technique - nous pouvons intégrer des exercices de renforcement au sein des séances de course.
Séances et renforcement
L'organisation dont nous parlons est exactement celle des circuits. Elle
consiste à alterner course et renforcement. Ce qui fait la différence entre les
deux formes de travail c'est le dosage entre les périodes de course et celles de
force.
Ici, ce sont quelques situations de renforcement qui viennent s'immiscer au sein
d'une séance habituellement réservée à la course. Nous pouvons imaginer, par
exemple, de réserver chaque deuxième 50m de toutes les répétitions de courses
d'une séance de VMA à la réalisation de foulées bondissantes.
Ce type de séance rend plus aisé le transfert de la force dans la course. Cet
objectif est également facilité par le travail en côte.
Les
côtes
Tout le
monde a déjà gravi une côte en courant ou en marchant. Mais de quelle manière ?
En gardant les membres inférieurs pliés, en baissant les fesses et en pliant
l'échine ?
Si le but est de gagner de la force, le travail de côte demande de courir avec
une grande foulée en accomplissant une poussée complète de la jambe au sol. La
course s'apparente alors à une suite de rebonds suffisamment dynamiques pour
permettre de garder une vitesse importante.
monter ou descendre ?
Comme pour tout entraînement, la durée des côtes, leur inclinaison, les temps de récupération ainsi que le volume total de travail déterminent le type de sollicitation. Il est souhaitable que ces critères soient intégrés à une vision d'ensemble de l'entraînement. Pas facile direz-vous ! Nous en convenons. Sachez tout de même que par rapport au travail sur le plat les séances de côte sollicitent de manière marquée la filière acide ; notamment au niveau de l'avant de la cuisse. La récupération doit donc permettre de résorber cette acidité et de maintenir la vitesse de course. Si nous nous rendons compte que nous n'arrivons plus à lever les genoux et à pousser complètement - jambe arrière presque tendue - alors arrêtons la séance ou prenons une grosse récupération. Tout ce que nous allons faire avec un mauvais style risque de nous faire régresser.
Enfin,
puisque nous sommes dans les côtes parlons des descentes.
Si les montées requièrent un travail concentrique du quadriceps, les descentes
sollicitent ce muscle selon le mode excentrique. Nous avons vu les effets
importants que peut avoir ce mode de contraction. C'est la raison pour laquelle
nous pensons que la course en descente doit être utilisée de manière modérée et
sur des pentes donnant toujours à l'athlète la possibilité de maîtriser son
geste.
Pour conclure sur ce point
Nous
concevons bien qu'un coureur qui n'est pas habitué au travail de renforcement
soit quelque peu désarçonné par les informations que nous apportons et
l'organisation - notamment des circuits - que nous suggérons !
Si c'est le cas, ne nous en faisons pas. Si déjà nous parvenons à nous donner
des périodes d'entraînement pendant lesquelles nous décidons d'inclure des
exercices de renforcement en privilégiant un type de force, nous aurons fait un
grand pas.
Concernant la succession dans le temps des types de contraction, l'ordre le plus
communément employé passe pour leur développement passe par les phases de
travail 1) statique 2) concentrique, 3) excentrique 4) pliométrique 5)
stato-dynamique. Pour le reste, vous pouvez, si vous le voulez, vous appuyer sur
les types d'exercices et les exemples de circuit que nous donnons ci-dessous.
5.4 Quelques exercices de renforcement
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Montées escaliers |
montée pied |
montées escalier changements de sens |
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saut sur haies |
Saut en contre-bas |
Fente |
5.5 Evaluer la force
L'évaluation de la force que nous proposons fait surtout appel à des exercices
de détente et de rebond. Suivant les caractéristiques des tests, nous obtenons
un aperçu de la force concentrique ou pliométrique. Grâce à une évaluation plus
spécifique aux coureurs à pieds, nous pourrons également avoir une idée de la
capacité de l'athlète à faire durer la force.
5.5.1 Evaluation de la"force
maximale"
- Le Sargent test ou test de détente verticale
Comme son deuxième nom l'indique, ce test consiste à mesurer la détente
verticale d'un athlète. Cette détente représente la différence entre la hauteur
atteinte en gardant les deux pieds à plat au sol et la hauteur touchée pendant
un saut. Elle évalue les qualités de force concentrique.
La première partie du test consiste à connaître "l'envergure" de l'athlète. Ce
dernier se place de profil contre un mur. Ses doigts sont enduits de craie. Il
lève son bras du côté du mur et l'étend le plus haut possible talons au sol.
L'extrémité de ses doigts laisse une marque qui représente la hauteur au sol.
Ensuite, le sportif se place en position jambes fléchies - articulation du genou
à 90°-. Sans prendre d'élan - il ne doit pas s'abaisser -, il effectue une
poussée maximale vers le haut. Le bras coté mur vient imprimer une nouvelle
marque sur le mur. La distance séparant les deux extrémités supérieures des
marques représente la détente verticale. Elle est l'expression des qualités de
force concentrique.
Précaution : pour des raisons de sécurité, il est préférable d'effectuer le saut
contre une planche située en avant du mur ou contre un panneau de basket…
-
le contre-mouvement jump (le saut en contre-mouvement)
Il se
réalise dans les mêmes conditions que le test précédant mais l'athlète a
maintenant l'autorisation de faire une flexion préalable à l'extension.
L'athlète part donc jambes tendues, il descend en flexion puis remonte de suite
pour aller toucher le mur.
La différence de hauteur mesurée entre le test précédent et ce test rend compte
des qualités élastiques du sportif. Il permet d'évaluer sa capacité à utiliser
la force pliométrique.
Les deux tests précédents peuvent se faire avec les mains placées sur les hanches pour éviter une participation des bras. Dans ce cas, il convient de posséder un tapis capable de mesurer le temps passé en l'air.
Un second test permet de mesurer plus spécifiquement les qualités musculaires pliométriques.
-
le drop jump
Une
nouvelle fois le principe reste le même que celui des tests précédents. La seule
différence est que l'athlète part non plus du sol mais d'un contre-haut. Il se
laisse tomber tout d'abord d'une hauteur de 20cm - de 40, 60, 80cm ensuite -
rebondit au sol et tente de s'élever le plus haut possible.
Deux résultats sont pris en compte : (1) le saut le plus élevé (2) la hauteur du
contre-haut correspondant à ce saut. Il est également possible d'établir une
comparaison avec les deux tests précédents.
Cette épreuve permet d'évaluer les qualités pliométriques de l'athlète.
Dans sa version "académique", l'athlète a les deux mains sur les hanches. C'est
donc uniquement la participation des membres inférieurs qui est prise en compte
sans l'influence des bras et de leur coordination avec les membres inférieurs.
Mais tout le monde ne dispose pas d'un tapis de mesure !
-
Le pentabon
Plus
orienté vers le geste de course, ce test consiste à parcourir la distance la
plus importante en cinq bons. La performance représente la distance parcourue
entre le premier appui et le dernier -6ème appui-. Cette épreuve demande une
certaine habileté technique. C'est pourquoi nous laissons la possibilité à
l'athlète de faire quelques essais avant la mesure.
5.5.2 Evaluation de
l'endurance à la force
L'endurance représente ici la capacité à tenir longtemps une intensité donnée.
Pour évaluer cette qualité, prenons les tests précédents faisons les durer de
30" à 1 minute. La différence de hauteur - ou de distance - atteinte entre les
performances effectuées "au repos" et après une minute d'exercice rend compte de
la capacité de l'athlète à faire durer la force.
Ce type de test est très important pour le fond et le demi-fond. Rappelons-nous
que si nous diminuons notre allure de course c'est simplement parce que nous
n'arrivons plus à générer suffisamment de force.
Fort, rapide, endurant !
Tous les
tests qui précèdent peuvent se faire en ajoutant une surcharge à l'athlète
(gilet lesté par exemple). Une fois encore, une telle utilisation n'est pas
"indolore" pour le corps. Toutefois, selon Bosco - le précurseur des recherches
en pliométrie - elle permet de dégager des orientations intéressantes pour
l'entraînement.
D'après ce chercheur, la comparaison entre les tests de force réalisés sans,
puis avec charge, permet de déduire 3 tendances :
- l'athlète s'est amélioré dans les deux cas. Il a progressé en force et en
rapidité.
- l'athlète a progressé sans charge mais il s'est affaibli avec charge. Il peut
manquer -ou a perdu - de la force maximale. Un travail avec charge pourra lui
être bénéfique ; si toutefois l'entraîneur pense que gagner de la force maximale
permettra à l'athlète de progresser dans sa discipline.
- L'athlète est moins bon sans charge mais il a progressé avec charge. Le gain
de force a fait régresser sa vitesse. Un travail de pliométrie devrait permettre
de palier le manque de vitesse.
Pour leur part, la prise en compte des résultats aux tests d'endurance permet de savoir si le versant durée s'est amélioré, que ce soit avec ou sans charge, c'est à dire dans son aspect vitesse ou force.
Force, vitesse, endurance sont les trois versants d'une évaluation adaptée au coureur à pied. En ce qui concerne le couple force - vitesse, en course à pied, rappelons que le gain de la première qualité ne doit pas se faire au détriment de la seconde. Il est, en effet, important qu'en entrant au contact du sol, le membre inférieur réagisse vite pour que l'appui passe rapidement (secteur biomécanique). Or, le mouvement concentrique effectué dans le premier test (Sargent test) induit une vitesse angulaire du genou 6 fois inférieure à celle retrouvée en course. Les exercices pliométrique induisent eux une vitesse articulaire presque 2 fois inférieure à la course. Ces mouvements requièrent plus de force - 1,5 à 2 fois plus - mais moins de vitesse que la course. On comprend dès lors l'importance d'associer la course au travail de force.
Le
chercheur bourguignon Gilles Cometti a proposé une épreuve permettant justement
d'allier l'évaluation simultanée de la vitesse, de la force mais aussi de
l'endurance à la force.
Ce test consiste à alterner 15" comprenant 8 sauts successifs et une course
chronométrée de 30m et 15" de récupération passive. L'épreuve est arrêtée
lorsque les performances chutent de manière significative - 5 à 10 minutes
généralement -. L'évolution des résultats avec le temps permet de comparer les
aspects vitesse, force et endurance dans un même test.
Son aspect complet, la durée sur laquelle il se déploie, font de ce test une
épreuve particulièrement adaptée à la course à pied. Son inconvénient majeur
réside dans la difficulté qu'il peut y avoir à s'assurer de la validité des
résultats sans matériel adapté - tapis de mesure et cellules de chronométrage -.
Finissons cette partie consacrée à l'évaluation en rappelant que l'évaluation a
d'abord pour objectif de voir comment l'athlète évolue avec l'entraînement.
C'est bien à une comparaison des résultats obtenus aux même tests par un athlète
que s'apparente l'évaluation. Toutefois, la comparaison avec la moyenne des
athlètes de sa spécialité peut également amener à déceler une faiblesse
susceptible de nuire à sa progression.
Réalisés dans cet esprit, les tests permettent de comprendre les effets du
travail effectué et d'orienter l'entraînement à venir. Il est bien évident que
les orientations sont déterminées par les caractéristiques de l'athlète, par sa
spécialité et par la période de préparation. Il n'est peut être pas judicieux de
vouloir faire progresser la force maximale d'un marathonien en période de
préparation terminale ! Nous abordons l'organisation des charges en fonction
d'un objectif dans le chapitre consacré à la programmation (un ordre).
Après la transformation de l'énergie, après son utilisation, après la force,
nous vous proposons de passer aux autres qualités que le coureur a intérêt à
acquérir (autres
qualités).
En plus de l'énergie, de l'économie dans le mouvement et de la force, d'autres qualités viennent compléter la panoplie du parfait coureur.
6 La souplesse
Les qualités de souplesse ainsi que leurs implications pour la course à pied
sont traités dans le secteur étirements (étirements).
La propreté, la relaxation et le sommeil participent de la récupération et plus généralement de l'hygiène de vie. Hormis ces considérations qui s'imposent d'elles-mêmes, l'hygiène du corps passe avant tout par une bonne alimentation. Nous parlons des bonheurs et des bienfaits de la table, donnons des conseils diététiques dans le secteur diététique (diététique). Un questionnaire permet d'évaluer le risque de carences (questions diététiques).
8.1 Présentation
Nous connaître c'est déjà avoir conscience des valeurs qui nous font agir et des
intentions qui nous mènent. C'est aussi se rendre compte de l'état d'esprit dans
lequel nous abordons les situations quotidiennes et les événements plus
stressants. Nous abordons ces points et bien d'autres dans le secteur
psychologie (psychologie).
En outre, nous vous donnons la possibilité de connaître votre "profil
psychologique" grâce à un petit test (test
psychologique).
Notons, par ailleurs, que nous avons répertorié, dans ce secteur, un certain
nombre de techniques de relaxation. En appliquant certains principes issus de
ces méthodes à la course à pied, nous pouvons penser améliorer un point de la
course que nous n'abordons pas spécifiquement : le relâchement.
Dans le chapitre qui suit nous abordons exclusivement la connaissance de la course et de ses allures.
Connaître les allures de course
Nous
regroupons sous le terme connaissance des allures de course des qualités
complémentaires. Nous parlons de l'aptitude à :
- prendre des informations sur l'extérieur
- reconnaître la vitesse de course
- garder cette vitesse régulière avec le temps
- adopter une vitesse optimale sur une distance ou sur un temps donné
- induire une fatigue prévue à l'avance
Dans
le processus d'entraînement et de réalisation de performances, ces cinq
dispositions permettent:
- d'assurer la bonne adéquation entre le plan prévu et l'entraînement réellement
effectué
- d'adapter cet entraînement selon les circonstances du moment
- de réaliser des performances exprimant les véritables qualités physiques et
psychologiques de l'athlète et pas son incapacité à gérer sa course.
Comment pouvons nous faire pour parvenir à développer ces qualités ?
8.2
de l'extérieur à l'intérieur
Toutes les situations mettant en relation une information venant de l'extérieur
avec une estimation et un ressenti intérieurs permettent d'améliorer la
connaissance des allures de course.
L'idée est simple : passer du chronomètre extérieur au chronomètre intérieur. Le
processus d'apprentissage demande tout simplement de partir d'un grand nombre
d'informations extérieures sur l'allure, sur les temps de passage… pour petit à
petit intérioriser ces allures.
Prenons un exemple de progression avec un objectif limité fixé à un athlète
débutant : faire un 400m dans un temps prévu à l'avance.
- situation 1 : des cônes sont placés sur la piste tous les 50m. L'entraîneur
dispose d'un tableau de temps de passage. L'athlète est ainsi conduit dans ses
allures tous les 50m. Il dispose de 7 informations extérieures lui permettant
d'adapter sa vitesse. Si l'exercice est correctement réalisé - différence entre
le temps prévu et le temps réalisé inférieure à 2" - , il passe à la situation 2
- situation 2 : l'entraîneur ne siffle l'allure que tous les 100m. Les
informations se réduisent à 3. En cas de réussite il effectue la situation 3
- situation 3 : une seule information au niveau du 200m.
- situation 4 : L'athlète dispose de nouveau de 3 informations mais qui ne sont
plus calquées sur les temps de passage. L'entraîneur siffle après 20", 30" et
40".
…
- situation x - 1 : l'athlète ne dispose plus d'informations extérieures mais
s'il ne pense pas avoir réalisé le temps voulu il peut l'annoncer avant de le
savoir. Si sa prédiction est bonne à + ou - 2 secondes, il peut passer à la
dernière étape
- situation finale : 400m sans aucune indication.
A chaque fois que l'athlète est porté dans ces allures - situation 1 par exemple -, l'entraîneur lui demandera de porter attention à des indices internes comme le rythme de sa respiration, la longueur de ses foulées, le déroulement du paysage.
8.3
des exercices
Un certain nombre d'exercices et d'attitudes s'accommodent aux différents
objectifs poursuivis. Les caractéristiques de ces exercices sont presque
systématiquement les mêmes. Toutefois, ils peuvent s'appuyer directement sur la
prise en compte d'une vitesse ou demander de réfléchir par rapport à une durée.
Reconnaître les allures et les temps
A chaque
fois que nous réalisons une course sur une distance connue nous pouvons, avant
de regarder notre temps, tenter de l'évaluer. Tout en courant, nous pouvons
également tenter de jauger notre vitesse puis la vérifier sur un passage balisé.
En ce qui concerne l'évaluation des durées. Nous pouvons, sur un parcours
quelconque, tenter d'évaluer le temps qu'il va nous falloir pour atteindre un
point éloigné mais que nous voyons ; ceci tout en gardant notre allure de
course.
Adopter des allures
Chaque
tour, chaque parcours réalisé en se donnant à l'avance un objectif
chronométrique et en tentant de le réaliser concourt à améliorer l'aptitude à
adopter la bonne vitesse de course.
Etre régulier
-
situation de VMA : Elle consiste à réaliser des 30"-30" - 30" vite, 30"
récupération - ou toute autre temps de course en aller-retour en s'efforçant
d'être le plus régulier possible. Le départ des courses aller est donné sur une
ligne matérialisée. Le départ des courses retour se fait depuis l'endroit
atteint lors de la course aller. Si l'exercice est correctement réalisé par
l'athlète, les endroits d'arrivée de chaque course sont systématiquement les
mêmes. Si plusieurs athlètes réalisent simultanément cet exercice, ils doivent
tous arriver ensemble au même point de retour, même s'ils sont de niveau
différent.
Ce type de séance est particulièrement intéressant car il permet à des athlètes
de niveau différents de s'entraîner - dans les deux sens du terme -
mutuellement.
Séance de 30-30" sur piste sous forme d'allers-retours.
Dans le cas présent, les athlètes démarrent de la ligne de départ. Après 30" de course, ils s'arrêtent et récupèrent le même temps. Au retour, ils repartent de l'endroit où ils sont arrivés (plot). Ils doivent tous arriver ensemble sur la ligne de départ (régularité d'allure).
- situation d'échauffement : Deux athlètes courent chacun sur les lignes extérieures d'un demi-terrain de football. Ils partent ensembles du rond central et se dirigent en direction de la ligne de touche. Arrivée à cette ligne un coureur part à droite l'autre à gauche. Chacun fait ainsi le demi-tour de son côté de terrain. Arrivée à l'intersection de la ligne centrale ils vont se retrouver. L'objectif est pour eux d'arriver en même temps à cette intersection tout en gardant une allure régulière.
Adopter une vitesse optimale et prendre des informations
Une
situation reprend la structure de l'exercice précédent mais cette fois les deux
boucles sont de longueurs différentes. Si les athlètes sont de même niveau ils
changent de boucle à chaque tour. S'ils sont de niveau différent, le plus fort
reste sur la plus grande boucle.
Au-delà de la seule régularité de course, cette adaptation fait appel à
l'ensemble des qualités que nous avons inclus sous le terme connaissance des
allures.
Là
encore, seule l'imagination met une limite au nombre et à la diversité des
exercices permettant de développer l'aptitude à connaître et adopter les allures
de courses.
Spontanément, de nombreux coureurs mettent en place les stratégies dont nous
avons parlé. L'expérience leur permet alors d'évaluer à quelques secondes près
leurs allures de course. Toutefois, cette efficacité est souvent limitée aux
conditions habituelles d'entraînement. La qualité du sol, les repères visuels,
l'heure de l'entraînement, l'habitude de courir seul ou en groupe sont autant de
paramètres qui peuvent considérablement influencer la perception que nous avons
des allures. Ajoutés au stress d'une compétition ou d'un entraînement, ils
peuvent conduire à des premières parties de course souvent trop rapides.
Après avoir vu comment travailler et évaluer les qualités indispensables au coureur à pied, nous proposons de passer à l'organisation du travail de ces qualités en fonction d'un objectif. Passons à la programmation de l'entraînement (diagnostic).
La programmation
Nous
voyons dans le chapitre consacré à l'adaptation que les principes de la
programmation nous sont donnés par les lois de l'adaptation du vivant à un
environnement. Voilà ce que nous retenons du concept d'adaptation dans le cadre
d'une programmation sportive.
- Se préparer en sport, c'est donner à son organisme les moyens de s'adapter,
c'est à dire d'apprendre un milieu nouveau ; l'épreuve sportive. Cette dynamique
peut s'entendre comme une mise en concordance d'une organisation biologique
(interne) et d'un environnement physique (externe).
- Il n'y a adaptation de l'organisme que si la différence entre l'interne et
l'externe - les possibilités de l'athlète et l'exercice effectué - est
suffisamment grande pour imposer un effort à l'organisme. A l'inverse, si
l'écart est trop important l'adaptation sera très difficile voir impossible.
- Après un effort, l'organisme se "transforme". Pendant ce temps, il est
désadapté donc inefficace. Ce n'est qu'après un temps de latence (récupération)
qu'il retrouve et même dépasse ses possibilités initiales. Le temps nécessaire à
la récupération est d'autant plus long que l'effort consenti a été important.
- L'adaptation peut être plus ou moins importante et rapide selon les qualités
du sportif, leur adéquation avec l'environnement et le type de qualité
sollicité. Par exemple, les qualités aérobies seront plus longues à développer
que les qualités acides.
- Plus l'adaptation à un milieu est fine plus l'adaptabilité à un milieu
différent est difficile. En sport cela se traduit par le fait que si vous
répétez les séances de vélos à 20 km/h vous serez très bon à cette vitesse pour
ce sport mais plutôt mauvais à une allure différente et même très mauvais dans
un sport totalement différent.
Ces quelques remarques nous indiquent la démarche à suivre et les principes à
retenir dans le cadre de l'organisation de l'entraînement.
9
Savoir d'où l'on part et où l'on veut aller ? Etablir un diagnostic.
La première étape de la programmation de l'entraînement consiste à saisir
"l'interne" et l'externe", l'athlète et la discipline qu'il pratique. Et pour ce
faire, il nous faut prendre des informations.
9.1 L'athlète : le point de
départ
Partons du cas de figure où nous ne connaissons rien de l'athlète. A nous
d'apprendre ses forces et faiblesses, ses qualités et ses travers.
Pour ce faire, nous disposons déjà d'un premier faisceau d'informations grâce au
chemin qu'il a déjà parcouru. Quel est le passé sportif de l'athlète ? A-t-il
déjà couru ? Quelles sont les performances qu'il a déjà accomplies ?
S'il a déjà réalisé des courses, il est possible d'avoir une idée de son niveau.
Nous pouvons grossièrement évaluer sa VMA et son allure en footing rapide
(seuil). S'il a couru sur différentes distances de courses, il est envisageable
de calculer son indice d'endurance, c'est à dire sa perte de vitesse avec
l'augmentation de la longueur de la course (indice
d'endurance).
Quoi
qu'il en soit, que l'athlète ait déjà pratiqué ou non, il possède des qualités
physiques que nous allons chercher à évaluer.
En référence à ce que nous avons présenté dans les pages consacrées aux qualités
physiques et dans l'optique de ne pas nous perdre sous un monceau de données,
nous proposons de rapporter à quatre les qualités physiques de l'athlète.
- la transformation d'énergie par les filières aérobies (qualité A : couleurs de
vert à orange) et anaérobie (qualité B : couleur rouge)
- la capacité à être technique et économique : écotechnique (qualité C)
- la faculté à être fort longtemps (qualité D)
Pour ce que suit, nous vous conseillons de prendre une feuille - format A4 par exemple - et de la placer dans le sens de la longueur. Inscrivons "Athlète" en en-tête et traçons au moins six colonnes. Les quatre premières colonnes sont réservées aux qualités physiques.
L'évaluation de ces qualités est possible à partir de tests de terrains. Nous avons placé dans les pages consacrées aux qualités physiques tous les outils permettant d'évaluer le niveau de chacune de ces qualités. Le tableau ci-dessous présente les différents points qu'il est possible d'évaluer à l'intérieur de chaque qualité physique.
aérobie |
anaérobie |
écotechnique |
force |
colonne libre |
colonne libre |
VMA (orange) |
Courte 60m |
Jambe libre |
Elastique |
|
|
Footing rapide (seuil - jaune) |
Moyenne 300m |
Pose du pied |
Elastique en durée |
|
|
Index d'endurance |
Longue 500m |
Résistance à l'écrasement en position haute |
Isométrique |
|
|
>> évaluation filière aérobie : (évaluation) |
|
Placement buste |
Concentrique |
|
|
|
|
Placement et oscillations bras, tête |
Excentrique |
|
|
Il est possible que vous n'ayez pas besoin d'évaluer tous ces paramètres. Les indices de force isométrique, concentrique et excentrique peuvent être superflus pour le moment. De plus, la connaissance du secteur anaérobie ne vous sera pas d'un grand secours si vous êtes spécialiste de marathon.
Une fois que nous avons évalué, par des tests ou par une appréciation subjective, les qualités de l'athlète, nous pouvons rapporter les valeurs dans le tableau.
En
plus des qualités physiques, il peut être important de connaître les qualités
psychologiques de l'athlète. Est-il enclin à se plaindre ou se garde-t-il de se
lamenter ? Est-il porté à toujours en faire plus ou à esquiver les séances ?
Assume t-il ses réussites et ses échecs ou utilise-t-il des stratégies pour se
protéger ? A-t-il un fort désir de progresser pour lui ou pour la reconnaissance
?
La prise en compte du versant psychologique permet dans un premier temps de
réduire le risque de divergence entre ce qui est prévu par l'entraîneur, ce qui
est dit et ce qui est fait par l'athlète. A terme, il peut orienter l'ensemble
du processus d'entraînement.
Si vous décidez d'accorder de l'importance au domaine de la psychologie de l'entraînement, vous trouverez des aides pour lire et comprendre les comportements humains dans le secteur psychologie (psychologie). De l'ensemble des traits psychologiques, nous pouvons, par exemple, reporter ceux qui suivent dans la cinquième colonne du tableau.
aérobie |
anaérobie |
écotechnique |
force |
psychologie |
colonne libre |
VMA (orange) |
Courte 60m |
Jambe libre |
Elastique |
Catégorie d'être (l'être réfléchi) |
|
Footing rapide (seuil - jaune) |
Moyenne 300m |
Pose du pied |
Elastique en durée |
Responsabilité |
|
Index d'endurance |
Longue 500m |
Résistance à l'écrasement en position haute |
Isométrique |
Sincérité Sérénité |
|
|
|
Placement buste |
Concentrique |
Ouverture |
|
|
|
Placement et oscillations bras, tête |
Excentrique |
Motivation pour progresser |
|
Autres qualités : Outre les qualités physiques et psychologiques, l'entraînement à la course requiert un mode de vie équilibré accordant une large place à l'alimentation, aux processus assurant une bonne récupération… Là encore nous pouvons noter ces informations dans le tableau.
A l'issue de ce "survol" de l'athlète, nous pouvons déjà être en mesure d'estimer ces points forts, ces faiblesses mais aussi ces envies, ces préférences et ces abominations. Même si cette estimation n'est pas encore affinée, la connaissance des qualités indispensables à la réussite, en fonction de la discipline pratiquée et du niveau espéré, peut nous aider. Partons donc à l'assaut des spécialités et des niveaux. Attachons-nous à connaître l'endroit où nous voulons aller.
9.2 la discipline :
l'endroit où l'on veut arriver.
En parlant d'adaptation (adaptation),
nous signalons qu'en dépit des variations individuelles, toutes les espèces
partageant un même environnement tendent à posséder des qualités communes. Ces
qualités sont justement celles sollicitées par le milieu. Elles semblent
incontournables pour atteindre une efficacité poussée.
Il en est ainsi de l'environnement de course. Selon les ressources sollicitées
par la discipline nous pouvons établir une véritable hiérarchie des qualités
indispensables pour réussir à un certain niveau de pratique. Il est évident que
plus le niveau s'élèvera, plus l'acquisition de l'ensemble des qualités
deviendra indispensable. Reprenons les quatre qualités de l'athlète et voyons
leur importance en fonction du niveau espéré et de la discipline privilégiée.
Qualités A et B : la transformation d'énergie
Le
tableau ci-dessous donne la répartition de la couverture énergétique en fonction
de la distance de course.
|
800 |
1500 |
3000 |
5000 |
10 000 |
Semi |
Marathon |
aérobie |
40 |
50 |
85 |
90 |
95 |
97 |
98 |
anaérobie |
60 |
50 |
15 |
10 |
5 |
3 |
2 |
Répartition moyenne de la couverture énergétique en fonction de la distance de course
Cette répartition permet de se faire une idée de l'importance statistique relative de chacune des filières dans la réalisation d'une performance. N'allons pas penser pour autant qu'un coureur de 800m soit obligé de s'entraîner 60% du temps en anaérobie. La dynamique des filières et leurs effets physiologiques doivent encore être pris en compte. Nous verrons notamment que le développement de la filière aérobie permet de soutenir celui de l'énergie anaérobie. Ce que nous pouvons faire pour l'instant, c'est constater qu'un coureur qui voudrait pratiquer le 10 kilomètres avec une filière aérobie peu développée devra se mettre au travail.
VMA
Nous parlons de la vitesse maximale aérobie (VMA) dans la page de ce secteur
consacrée à l'aérobie (qualités
aérobies). Le tableau ci-dessous donne un aperçu du développement de
la VMA atteint par les sportifs à différents niveaux de pratique.
|
Hommes |
Femmes |
Enfant |
VMA : 11 km/h |
|
Moyenne de la |
VO2max : 40 |
|
Pratique |
VMA : 14 |
VMA : 13 |
Niveau |
VMA : 17 |
VMA : 15 |
Niveau |
VMA : 20 |
VMA : 17 |
Niveau |
VMA : 22 |
VMA : 18 |
Niveau |
VMA : 23 |
VMA : 20 |
Niveau |
VMA : 24 à 26 |
VMA : 21 |
Tableau
indicatif des Vitesse Maximale Aérobie (VMA en kilomètres par heure) et
consommation maximale d'oxygène moyennes (VO2max
en millilitres d'oxygène utilisé par minute et par
kilogramme de poids corporel) en fonction du sexe et du niveau de pratique
Si vous connaissez votre VMA, vous avez déjà un aperçu du niveau que vous pouvez escompter atteindre. Dans le secteur "votre entraînement", nous vous donnons la possibilité d'estimer votre performance en fonction de votre VMA actuelle (votre entraînement). Nous revenons sur ce point dans la page suivante consacrée au pronostic de la performance.
Footing rapide (couleur jaune) et index indice d'endurance
Un
équilibre est réalisé lorsque la vitesse atteinte est comprise entre 80-85% de
la VMA. Cette remarque est à pondérer en fonction de la discipline de
prédilection. Plus la distance de l'objectif est courte, plus la différence
entre la VMA et le niveau de footing rapide aura tendance à se creuser.
Inversement, des coureurs de marathon auront plutôt des niveaux jaunes compris
entre 85 et 90% de la VMA.
Qualités C : l'écotechnique
Nous
avons signalé dans le secteur biomécanique (biomécanique) que la moitié de
l'énergie de la course était "récupérée" sous forme d'énergie élastique. Cette
énergie ne coûte rien en terme énergétique. Elle permet donc de courir plus vite
sans altérer davantage l'équilibre biologique.
En
pratique l'économie de course est difficile à objectiver. Toutefois, un
observateur aguerri remarquera les mouvements parasites, le bruit marqué des
appuis, la déformation du segment inférieur à l'appui, les à-coups de la foulée
qui sont autant de signes d'une mauvaise économie de course (biomécanique/la
foulée). Dans le tableau, nous avons retenu le mouvement de la jambe
libre (cycle avant ou cycle arrière), la pose du pied (par plante ou par talon),
la résistance à l'écrasement en position haute (angle du genou qui reste ouvert
au moment de l'appui), le placement du buste (relativement droit ou penché en
avant) et enfin toutes les oscillations latérales (forces orientées vers l'avant
ou dispersées sur les côtés).
Actuellement, tous les coureurs qui s'expriment au plus haut niveau possèdent un
style de course économique. Leur foulée est généralement fluide, les muscles qui
ne participent pas au mouvement sont relâchés, le pied effleure le sol. Certains
spécialistes doivent encore compenser des "appuis mous" ou des oscillations
latérales.
Qualité D : être fort longtemps
Si un
athlète ralenti c'est qu'il n'arrive plus à générer une force suffisante pour
maintenir l'allure. La conséquence logique de ce constat semble être d'accorder
du temps au renforcement des muscles de la course.
Il est intéressant de voir si un athlète est capable de générer une force
importante en un temps réduit (élasticité) et pendant une période prolongée.
Nous avons donné un ensemble de tests permettant d'évaluer ces composantes (la
force)
Toutefois, nous ne disposons pas d'indications sur les qualités de force
élastique des coureurs de différents niveaux. Tout au plus savons-nous qu'un
coureur réactif comme l'Ethiopien Haile Gebresselassie aurait pu être bon
spécialiste de triple saut. Le Britannique Steve Ovett était, quant à lui,
spécialiste de triple saut avant d'être attiré par le demi-fond.
Si nous raisonnons par rapport à la distance de course, il va de soi que plus la course sera longue, plus la capacité à faire durer la force prendra de l'importance. Pour les courses dépassant 20 kilomètres, la disposition à épargner les sucres du corps tient une place de choix dans cette capacité à maintenir la force de contraction (l'énergie).
Dispositions tactiques
Les
capacités à savoir se placer au départ, courir protégé sans être gêné, accélérer
ou suivre aux moments opportuns de la course, finir vite… sont autant de
qualités que le coureur a intérêt à développer. Pour ce faire, il peut recréer
les conditions de course à l'entraînement.
Dans toutes les courses, les coureurs qui savent rester protégés tout en
réduisant au maximum les à-coups sont ceux dont le chronomètre à l'arrivée
correspond le mieux à leurs qualités physiques. Chaque coureur pouvant
légitimement prétendre à se protéger, il est logique et moral de collaborer en
vue de réaliser la meilleure performance possible. Rappelons-nous que nous
faisons du sport avant tout pour réaliser des projets, pour nous améliorer et
pas pour l'emporter sur l'autre.
Nous pouvons maintenant prendre à nouveau une feuille et indiquer les qualités indispensables à la réussite dans la discipline que nous entrevoyons comme objectif.
Les tableaux ci-dessous donnent un aperçu de deux feuilles appliquées respectivement au 800m et au marathon. Plus la case est ombrée, plus l'importance de la qualité est grande.
aérobie |
anaérobie |
écotechnique |
force |
tactique |
VMA (orange) |
Courte 60m |
Jambe libre |
Elastique |
Se placer au départ |
Footing rapide (seuil - jaune) |
Moyenne 300m |
Pose du pied |
Elastique en durée |
Se protéger en course |
Index d'endurance |
Longue 500m |
Résistance à l'écrasement en position haute |
Isométrique |
Rester prêt à démarrer |
|
|
Placement buste |
Concentrique |
Finir vite |
|
|
Placement et oscillations bras, tête |
Excentrique |
|
Qualités requises pour la
réalisation d'un 800m
(plus la qualité est ombrée plus elle a d'importance)
aérobie |
anaérobie |
écotechnique |
force |
tactique |
VMA (orange) |
Courte 60m |
Jambe libre |
Elastique |
Se placer au départ |
Footing rapide (seuil - jaune) |
Moyenne 300m |
Pose du pied |
Elastique en durée |
Se protéger en course |
Index d'endurance |
Longue 500m |
Résistance à l'écrasement en position haute |
Isométrique |
Rester prêt à démarrer |
|
|
Placement buste |
Concentrique |
Finir vite |
|
|
Placement et oscillations bras, tête |
Excentrique |
|
Qualités
requises pour la réalisation d'un marathon
(plus la qualité est ombrée plus elle a d'importance)
(les cases en bleu foncé ne sont pas prises en compte)
Exceptées les courses de 100kms et plus, les autres courses sont intermédiaires entre ces deux pôles.
A
présent que nous avons entrevu les qualités requises pour réussir dans
différentes disciplines, il est possible d'utiliser le même procédé de
classement pour l'athlète. Les zones ombrées (ou marquées d'un '+')
correspondront aux forces et les zones claires (ou marquées d'un '-') aux
faiblesses. Les zones grisées (ou '=') repéreront les qualités considérées comme
intermédiaires. Il est possible de hachurer les qualités qui ne sont pas prises
en compte.
La hiérarchisation, des qualités de l'athlète ainsi établie, n'est pas
infaillible. Elle peut être réévaluée en fonction de l'entraînement et des
séances effectuées. Elle est, pour le moment, la base de travail qui va nous
permettre d'orienter le processus d'entraînement.
Nous savons à présent d'où nous partons et avons une idée des qualités requises pour atteindre l'endroit où nous voulons aller (objectif). Pour circonscrire davantage le but que nous pouvons espérer atteindre, il nous faut à présent prendre des renseignements sur le chemin que nous sommes prêts à faire chaque jour.
9.3
La pratique et ses conditions
Dans quelles conditions l'athlète va-t-il s'entraîner ? La réponse à cette
question passe par la prise en compte d'un certain nombre de caractéristiques de
l'entraînement.
-
le temps accordé
: On avance pas du même nombre de kilomètres si l'on "roule" quatre heures par
jour ou quatre heures par semaine ! Combien de séances l'athlète veut-il -ou
peut-il- faire par semaine ? De quel temps dispose-t-il pour chaque séance -
exercice et récupération inclus - ? Au total, de quel temps disposons-nous pour
mener à bien notre projet ? Voilà des questions qui, ajoutées à la connaissance
du point de départ, contribuent largement à déterminer le but que nous pouvons
espérer atteindre.
Aucun secret, le travail est la condition de la réussite. Pour progresser de
manière significative, un débutant s'entraîne 2 à 3 fois par semaine. Un athlète
de niveau régional pratique au moins cinq fois par semaine. Au niveau national,
il sort tous les jours voir plusieurs fois par jours. Au plus haut niveau, les
coureurs accomplissent en un jour ce que font les débutants en une semaine ; 2
ou 3 sorties !
|
Nombre de séances par semaine |
Niveau loisir |
1-2 |
Niveau départemental |
3 |
Niveau régional |
5 |
Niveau interrégional |
7 |
Niveau national |
10 |
Niveau international |
12 et plus |
Nombre de
séances d'entraînement par semaine
en fonction du niveau escompté
- les moments : quels jours et à quelles heures l'athlète va-t-il s'entraîner ?
-
les lieux
: Quelle est la configuration des lieux d'entraînement. Le terrain est-il plat
ou vallonné, est-il protégé ou soumis aux vents, le sol est-il meuble ou souvent
collant ?
Ce qui a trait aux conditions réelles de l'entraînement doit être pris en compte
si nous ne voulons pas nous tromper dans les objectifs des séances. Certains
lieux se prêtent mieux à certains types de travail. Imaginons par exemple que
nous souhaitions développer les qualités élastiques sur un sol collant. Y
parviendrons-nous ? Et arriverons-nous à faire "remonter le bassin" d'un athlète
qui court assis en le faisant courir sur un terrain très vallonné ?
Cherchera-t-on à travailler la régularité d'allure sur un parcours sinueux qui
oblige à des relances incessantes ?
Ces mésaventures arriveront facilement si nous n'avons pas une image précise des
endroits où l'athlète s'entraîne et des qualités que ces environnements
sollicitent.
- l'état physique et psychologique : pour l'organisme tout effort demande récupération. Travailler 8 heures debout, dormir moins qu'à l'accoutumée n'est pas anodin.
En plus de notre point de départ et des différentes arrivées possibles, nous
avons maintenant une vue partielle des conditions de la pratique "quotidienne".
Ces informations nous permettent d'émettre un pronostic quant à l'objectif que
nous pouvons nous fixer (pronostic).
Après avoir établi un diagnostic en prenant des informations sur l'athlète, sa pratique et sa discipline de prédilection, nous pouvons nous risquer à faire un pronostic sur ses performances à venir.
10 Le pronostic : fixer le(s) objectif(s)
Faire
un pronostic c'est dire : nous partons pour un entraînement dont l'objectif est
de permettre de faire telle distance en tel temps et à telle période.
Pas de compromis, pas de "on verra" mais un engagement clair par lequel nous
mettons en jeu notre responsabilité. L'engagement est le moyen d'assumer et de
comprendre les échecs comme les réussites. C'est le moyen de l'honnêteté qui
seule assure le progrès dans la pratique à long terme.
Généralement la base du pronostic est la performance déjà réalisée. Il est tout
à fait estimable de chercher à s'améliorer. L'objectif est le plus souvent un
"temps rond". L'athlète qui a déjà réalisé 38'52" aux 10 kilomètres se fixera
certainement un objectif à 38'30".
Mais il est également possible de se fixer un objectif en fonction de son seul
niveau du moment. Par exemple, il est envisageable de se faire une idée de la
fourchette de performances possibles du 800m au marathon à partir de la seule
connaissance de la vitesse maximale aérobie (VMA) de l'athlète. Nous donnons
cette possibilité dans le secteur "votre entraînement" (votre entraînement/étape1).
Bien évidement cette évaluation n'est pas une panacée. Elle a ses limites liées
au fait qu'une performance ne s'explique pas uniquement par un niveau de VMA.
Cependant, elle a le mérite d'aider ceux qui ne sauraient pas se fixer un
objectif réaliste.
Quoi qu'il en soit, sachez que pour un athlète déjà bien entraîné, une fourchette de progression de l'ordre de 3% par an est réaliste. Si votre niveau de départ est inférieur ou si vous accordez beaucoup plus de temps à la pratique, vous pouvez espérer une amélioration plus importante. C'est là une estimation qui n'a pas valeur de loi. Le tableau ci-dessous part de cette base pour vous donner un ordre d'idée de la marge de progression possible en fonction de la discipline pratiquée.
|
800 |
1500 |
3000 |
5000 |
10 000 |
Semi |
Marathon |
performance déjà réalisée |
2' |
4'10" |
9' |
16'10" |
33'25" |
1h16' |
3h |
objectif raisonnable |
1'58" |
4'05" |
8'50" |
15'50" |
33' |
1h14'30" |
2h55' |
Progression moyenne possible en fonction de la spécialité
pour un athlète de niveau régional
Pour arriver à cette progression moyenne, il va de soi que l'entraînement réalisé doit lui aussi être augmenté et/ou réorienté.
Entraîner c'est savoir d'où nous partons, dire où nous voulons aller et à chaque pas faire le chemin. Maintenant que le départ est connu, que l'arrivée est fixée, il nous reste à tracer le parcours (trois principes).
Introduction
Le planning étant fixé, nous entrons dans le domaine de la programmation
proprement dite. A présent, il va nous falloir réfléchir à l'ordonnancement des
charges d'entraînement. Et réfléchir, c'est d'abord se donner des lignes
directrices ; des principes.
En
effet, lorsque la route est longue, il est bon :
(1) de se donner des principes directeurs
(2) de faire des pauses
(3) d'évaluer à plusieurs reprises le chemin parcouru et celui qui reste à
faire.
Attardons-nous sur la première proposition.
11 Les principes de l'entraînement
- diversité (alternance)
- progressivité
- spécificité
Si, à tout moment de votre entraînement vous arrivez à respecter ces trois principes, à coup sûr, vous progresserez. Le programme semble simple ! Là où il se corse légèrement, c'est que ces trois principes s'appliquent à de nombreux "attributs".
11.1 La diversité
Qu'est ce qui peut être divers et alterné dans l'entraînement ?
- le type de travail utilisé pour développer une même qualité (=> les distances,
les récupérations, les allures, le style de course…).
- le nombre et la nature des qualités prises en compte à chaque moment du plan
- l'importance de l'effort fourni dans une séance, dans une semaine ou dans une
période d'entraînement. Ce point englobe le repos en compensation des efforts
consentis.
- les parcours utilisés
- l'échauffement préconisé, la récupération accordée…
La
diversité du travail et des qualités sollicitées
Le
langage commun dit de "ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier", les
courtiers en bourse conseillent de diversifier son porte-feuille, le vivant est
éclatant de biodiversité. A chaque fois le même processus est en œuvre. En
jouant sur plusieurs tableaux à la fois, non seulement nous avons plus de
chances d'évoluer mais surtout nous avons beaucoup moins de risques de nous
enfoncer. Une simple loi statistique permet de le montrer. Mais le vivant va
plus loin que les mathématiques. Il est capable de tirer partie d'un ensemble de
potentialités pour se réorganiser et faire face à tout événement futur. Dans le
chapitre sur l'adaptation (adaptation),
nous faisons la part de l'adaptation (état) et de l'adaptabilité (processus
dynamique). Nous disons combien l'adaptation fine à un environnement va à
l'encontre de la possibilité de s'adapter à d'autres milieux. Et bien, la
diversité est ce qui nous permet de toujours pouvoir rebondir, continuer à
évoluer vers de nouveaux potentiels. Elle est une condition importante de
l'adaptabilité.
Outre
les avantages indéniables qu'elle apporte du point de vue physique, la diversité
permet également de beaucoup mieux supporter la charge psychologique liée à
l'effort. Changer de parcours d'entraînement, se dire que nous n'avons pas à
refaire à l'identique une séance qui s'est avérée difficile, changer les
distances et les allures de course sont autant de bols d'airs pour un esprit qui
se souvient de la douleur passée et anticipe celle à venir.
Les avantages procurés par la diversité nous la font placer au premier rang des
principes de l'entraînement.
Diversité : entre ordre et
désordre
La dérive
possible serait, sous prétexte de diversité, de faire tout et n'importe quoi.
"Tient aujourd'hui j'ai envie de faire de la vitesse, et demain je ferai une
longue séance de deux heures…" ; "et puis finalement j'en ai marre de cette
vitesse, je vais finir par une heure de footing lent…". C'est un "détour"
envisageable pour celui qui ne se donnerait pas d'objectifs intermédiaires et ne
respecterait pas les deux autres principes de l'entraînement. Pourtant, le plus
souvent, c'est le travers inverse que l'on observe. Les plans sont très
rigoureux. A l'intérieur de chaque cycle, ils respectent une progressivité et
une spécificité bien établies. Malheureusement, la diversité est complètement
absente. La filière aérobie se limite à la VMA et aux footings lents, les
séances de VMA n'utilisent que les distances de 200, 400 et 1000m, la vitesse
est strictement égale à la VMA, les récupérations sont toujours les mêmes… Ces
plans satisfont l'esprit avant tout. Ils permettent le contrôle de la
progression et du travail réellement effectué. Mais le corps, lui, réclame autre
chose.
Le
vivant fonctionne au mieux au niveau d'une frontière située à l'interstice entre
un ordre très strict et un désordre complet. C'est dans cette zone qu'il est
capable d'évoluer le plus rapidement. Il est évident que l'environnement qui
s'approche de cette "plage de fonctionnement optimal" est différent selon les
personnes. Il diffère également pour une même personne selon l'état de fatigue.
Plus un organisme est fatigué, plus il faut lui apporter de "l'ordre" ; plus il
est en forme, plus il tirera parti du "désordre". Toujours est-il que le plus
souvent, notre esprit, lui, préserve trop d'ordre peut être parce qu'il colmate
la peur par le contrôle tout azimut.
Selon les chercheurs de l'ancienne Europe de l'Est, l'idéal serait de chercher à
développer une ou deux "qualités" dans un cycle d'entraînement tout en
maintenant les autres. Une recommandation pourrait être de solliciter toutes les
qualités au moins une fois par semaine (ce qui ne veut pas dire une séance par
semaine) tout en activant deux ou trois fois les qualités que l'on cherche à
développer.
La diversité se retrouve à tous les étages et à tous les moments du processus d'entraînement. Ce qui change c'est peut être le fait que plus l'objectif approche, plus la zone des alternances va tendre à circonscrire les conditions de la compétition. Ce faisant le principe de diversité ne sacrifiera pas ceux de spécificité et de progressivité.
Alternance du travail et du repos
Alors que la diversité des qualités sollicitées tend à se réduire pour
"entourer" de plus en plus les conditions de compétition (du moins jusqu'à ce
qu'arrive la période des compétitions), l'alternance des phases de travail et de
repos tend, quant à elle, à s'accroître parallèlement à l'intensité des efforts
fournis.
Dans le chapitre consacré à l'adaptation (adaptation),
nous signalons combien le vivant fonctionnait sur le mode
accumulation-récupération. Il accumule la fatigue, se fragilise puis récupère et
devient plus fort. Ce type d'adaptation est à l'origine de la construction de
l'entraînement par cycles. L'organisation est telle qu'aux phases de travail
succèdent les périodes de repos, ceci à toutes les étapes du plan ; séances,
petits, moyens et grands cycles.
Si ce domaine vous intéresse, vous trouverez une description complète de
l'organisation par cycle dans deux pages que nous leur consacrons. (tout sur
l'entraînement/soviétique
et
/cycles)
11.2 La progressivité
Alors que la diversité englobe toutes les facettes de l'entraînement, la
progressivité s'exprime plus dans le rapport au temps.
Elle se retrouve au sein de la séance, de l'agencement des séances et des
périodes d'entraînement entre elles. Elle traduit le fait que l'environnement
extérieur accroît régulièrement sa difficulté, sa spécificité. L'athlète
progressant, l'accroissement des charges extérieures peut être effectif sans que
pour autant l'entraînement devienne plus dur pour l'athlète. A l'inverse,
l'entraîneur peut décider d'augmenter régulièrement et la charge extérieure et
l'impact supposé sur l'organisme.
Lorsque nous avons parlé d'adaptation, nous avons signalé qu'une espèce vivante
plongée subitement dans un nouveau milieu pouvait disparaître subitement
(l'adaptation). L'exemple le plus célèbre est peut être celui des dinosaures.
Le sort réservé au coureur qui ne respecterait pas une certaine progressivité
dans son entraînement n'est pas aussi extrême. Le coureur risque simplement de
ne pas progresser voire de régresser. S'il est suffisamment fort, il peut même
surpasser le moment de fragilité qui accompagne un changement brutal et
continuer à progresser normalement. Pourtant, dans les deux cas, dinosaure ou
athlète, le processus est le même. Nous parlons d'un manque d'adaptation, d'une
incapacité à faire face avec ses propres moyens aux nouvelles conditions
d'existence.
Les athlètes confirmés et de haut-niveau rompent volontairement la progressivité
de leur entraînement. Ils accomplissent des périodes très dures de manière à
réaliser une fatigue puis une progression importante de leur niveau. Cette
pratique demande de bonnes bases et une connaissance approfondie des réactions
de l'organisme. Rappelons qu'elle est à réserver aux seuls coureurs expérimentés
et de très bon niveau. Dans tous les cas, elle doit être suivie d'une période de
récupération suffisamment longue.
Dans les plans d'entraînement, la progressivité est souvent bien respectée à l'intérieur d'un cycle. En revanche, elle disparaît souvent lorsque l'entraînement passe d'un cycle à l'autre. Tout se passe alors comme si, sous le prétexte que notre intelligence a décidé de passer à un autre registre de travail, le corps devait lui aussi en faire autant !
Si nous décidons d'appliquer le principe de progressivité, nous nous devons d'essayer de le respecter quelque soit le moment de la préparation. Ce parti pris a une conséquence qui n'est pas négligeable ; la fin des périodes d'entraînements tranchées.
Progressivité et périodes d'entraînement
Traditionnellement, l'entraînement est décomposé en périodes qui se succèdent
dans le temps. D'abord les périodes de préparation générale 1 et 2 suivies de la
phase de pré-compétition puis de compétition. A chaque phase correspond un
travail bien spécifique. En conséquence, le passage d'une période à une autre
est souvent vécu comme une coupure.
Bien qu'il soit pratique d'un point de vue purement explicatif, en pratique, ce
découpage va à l'encontre du principe de progressivité. Est-ce à dire qu'il faut
supprimer les périodes d'entraînement ? Nous n'en sommes pas convaincus dans la
mesure où elles sont utiles à plus d'un titre. Le plus important est qu'elles
permettent de fixer des objectifs intermédiaires et de les évaluer. C'est
pourquoi nous gardons le terme de période sans pour autant qu'il ne renvoie à
une durée bien délimitée et à un type de travail tranché.
Après ce passage consacré aux périodes, une autre question d'ordre pratique mais de portée plus large se pose. Comment faire pour réussir à respecter la progressivité de l'entraînement ?
La
progressivité en pratique
Si nous
voulons nous assurer du caractère progressif de l'entraînement, nous devons, au
préalable, être capable de définir une séance et d'évaluer son impact. Ce n'est
qu'après cette étape que nous pourrons agencer les sollicitations dans un ordre
"croissant".
Nous traitons de cet aspect relativement ardu dans la page consacrée à la
définition des charges d'entraînement (définir
les charges).
Pour l'instant, contentons-nous de noter que la progressivité s'applique aussi bien à l'impact sur l'organisme du plan d'entraînement dans son ensemble qu'au passage d'un cycle, d'une séance ou d'une qualité à l'autre. Notons cela et passons à la spécificité.
Etre
spécifique, c'est proposer un contenu d'entraînement qui corresponde à la
discipline et à l'athlète qui la pratique.
A quoi un entraînement peut-il être spécifique ?
- à un athlète : nous avons signalé combien la prise en compte des qualités de
l'athlète est importante. Nous en reparlons tout de suite après.
- à une discipline, à une qualité, à un objectif précis…: Par rapport à la
discipline, la spécificité indique, avant tout, le but à atteindre. Par rapport
à une qualité ou un objectif que l'on chercherait à atteindre, elle rappelle que
pour être fort en course à une vitesse de 15 km/h, le meilleur moyen n'est pas
de faire du vélo à 12 km/h ou de nager à 2 km/h.
(Attention : ce qui précède ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire d'autres
sports que la course comme activités complémentaires ou de soutien).
La
spécificité : de l'athlète à la pratique
Pour
atteindre le but d'un voyage, il n'est pas dérangeant d'emprunter des chemins
escarpés si nous disposons d'un 4x4. En revanche, il ne nous viendrait pas à
l'esprit de prendre le même itinéraire avec une berline.
L'entraînement est avant tout la rencontre d'un athlète et d'une pratique. Plus
qu'une "programmation idéale" c'est d'abord l'interaction et la complémentarité
entre le pôle intérieur et l'organisation extérieure qu'il convient de trouver.
Nous pouvons faire le plus beau programme du monde, le justifier de cent milles
façons, montrer comment par ailleurs, il respecte tous les principes dont nous
allons parler, il ne sera rien s'il n'est pas adapté à un athlète.
Prenons un exemple réel. Un principe, traditionnellement reconnu dans
l'entraînement, dit que pour progresser à une vitesse il convient de s'entraîner
à cette allure et pas aux autres. C'est ce principe de spécificité qu'un athlète
du nom de Stéphane a mis en pratique pendant quelques années. Un objectif
intermédiaire était de faire progresser sa filière aérobie. Pour lui, cette
progression se rapportait à une élévation de la plus haute vitesse aérobie, la
VMA. Pour atteindre au but, il s'entraînait souvent à cette vitesse et le reste
du temps il récupérait par de longs footings à allure réduite. Cet entraînement
lui a permis de progresser jusqu'à un bon niveau. Pourtant, depuis de nombreux
mois sa VMA stagnait.
L'analyse de son plan montrait un déficit important pour toutes les allures
correspondant au footing rapide (vitesses comprises entre 80 à 90% de la VMA).
En 6 semaines de réajustement, sa VMA a progressé d'un kilomètre-heure et ceci
sans jamais s'entraîner à cette vitesse ! Pourquoi ? Parce que ce qui avait
stoppé la progression de Stéphane c'était ses faiblesses ; le déséquilibre de
ses qualités aérobies. En axant sa préparation sur la seule VMA, Stéphane avait
oublié le principe de diversité de l'entraînement mais surtout il avait omis de
prendre en compte ses qualités et faiblesses. Il avait privilégié la spécificité
d'une allure au détriment de la spécificité de sa personne.
Se rappeler qu'un entraînement est spécifique à une personne permet de se garder de la tentation du copier-coller, c'est à dire du programme tout fait que l'on applique tel quel à un athlète parce qu'il a réussi à un autre.
Outre cette paresse qui consiste à pomper l'entraînement des autres, une autre habitude risque de nous éloigner de la prise en compte de la spécificité de l'athlète. Cette habitude est celle qui consiste à courir en groupe.
Spécificité et entraînement collectif
L'entraînement collectif apporte énormément au coureur tant au niveau
psychologique, social que physique. En contre-partie, il peut empêcher
d'atteindre à la spécificité de l'entraînement. Compte tenu des avantages et
inconvénients de la course en groupe, nous devons chercher une position médiane.
De nombreuses formules sont possibles. Il est notamment envisageable de :
- constituer des groupes homogènes
- constituer des groupes avec des coureurs de niveaux différents mais en
considérant la séance comme difficile pour les moins aguerris et facile ou
moyenne pour les coureurs les plus chevronnés.
- se retrouver pour faire l'échauffement et la récupération ensemble tout en
accomplissant le corps de séance de manière individuelle.
- baser les séances sur des temps et non sur des distances de manière à ce que
chacun puisse exprimer son niveau dans les parties rapides tout en rejoignant le
groupe pendant les phases de récupération.
- d'appliquer aux meilleurs coureurs des handicaps de type départs décalés,
obstacles à franchir, parties techniques à effectuer, utilisation des couloirs
extérieurs lorsque les athlètes sont sur la piste… Et puis, il n'est pas gênant
de maintenir des petites différences de niveau entre les athlètes. Il permet de
motiver ceux qui s'efforcent de rattraper et ceux qui risquent à tout moment de
se voir dépassé. Quoi qu'il en soit, le travail en groupe apporte de tels
avantages qu'il serait dommage de ne pas chercher à le favoriser au maximum.
Les trois principes dont nous avons parlé constituent l'ossature de l'entraînement. La lecture d'un plan à leur lumière permet de comprendre et de lever la plupart des difficultés. Pourtant, ces principes se déclinent différemment selon le moment de la préparation et le niveau de l'athlète.
11.4 Les trois principes
et la programmation
Plus on se rapproche de la période de compétition, plus la diversité du travail
fait place à sa spécificité ; plus la progressivité entre les séances est
remplacée par l'alternance travail-repos. Cette tendance est vraie jusqu'à ce
qu'arrive le moment des compétitions. A ce moment, la diversité aura tendance à
s'accroître à nouveau de manière à palier la spécificité due aux compétitions
elles-mêmes.
Ces changements dans la prédominance des principes peuvent également s'exprimer
par des grands continuums gérant l'organisation de l'entraînement :
- par rapport à la discipline : de l'aspécifique au spécifique
- par rapport au travail des qualités le point précédent donne : du
développement des qualités à leur intégration dans la compétition
- par rapport à l'athlète : de la remédiation des faiblesses au renforcement des
points forts
- concernant le niveau de pratique, la tendance actuelle consiste à privilégier la diversité pour le débutant, l'enfant et l'athlète de bon niveau et à favoriser la spécificité pour les coureurs de niveaux intermédiaires. Mais ce ne sont là que des tendances.
Lorsque nous disons que les trois principes de l'entraînement s'expriment différemment selon le moment de la préparation, nous préfigurons l'étape de programmation de l'entraînement par cycles (cycles).
12 une organisation par cycles : alternance de travail et de repos
Jusqu'ici, nous avons pris des informations sur l'athlète et la discipline qu'il pratique. Nous avons également défini un objectif tout en nous donnant des principes directeurs pour nous aider à l'atteindre. Parlant de ces principes nous en sommes venus à parler de l'organisation des charges d'entraînement comme un processus cyclique alternant les phases de travail et celles de repos. C'est de ce point dont nous allons parler à présent.
Traditionnellement, l'entraînement se compose de périodes qui ont une structure caractéristique. Cette structure est partiellement reproduite d'une période à l'autre, comme si elle se répétait une nouvelle fois. Le processus de retour d'une structure identique explique le nom de cycle appliqué à chacune des phases d'entraînement. Le terme cycle vient du grec kuklos signifiant cercle ; forme géométrique figurant le retour sur soi.
Les
scientifiques d'Europe de l'Est ont délimité trois sortes de cycles :
- les petits cycles appelés aussi microcycles(du grec mikros signifiant
petit). Leur durée commune s'étend de 3 jours à 21 jours selon les entraîneurs.
Pour des raisons de commodité, la semaine est la période la plus utilisée.
- les cycles moyens appelés aussi mésocycles (mesos signifiant milieu).
Ils se composent généralement de 3 à 6 petits cycles et s'étendent sur une durée
variant de 3 à 12 semaines. Ils comprennent plusieurs cycles de travail
entrecoupés de cycles de repos. Généralement, à l'issue d'un cycle moyen, une
évaluation est faite permettant de savoir si les objectifs intermédiaires ont
été atteints.
- les grands cycles nommés aussi macrocycles (makros signifiant grand).
Composés de 2 à 6 cycles moyens, ils s'articulent autour de l'atteinte d'un
objectif de compétition. Le plus souvent, une année s'articule autour de 1 à 3
grands cycles.
Enfin au-delà des grands cycles, il est possible de situer des périodes d'entraînement qui peuvent s'étendre sur un an, une olympiade voir plus lorsque le raisonnement s'applique à la carrière d'un sportif.
Comme nous pouvons le comprendre à la lecture de ce qui précède, les cycles s'imbriquent les uns dans les autres. Plusieurs petits cycles forment un cycle moyen qui répété à son tour plusieurs fois constitue un grand cycle. Ce dernier est quant à lui directement délimité par l'atteinte d'un objectif.
Partant du découpage en cycles, de nombreux modèles ont été présentés par les
expérimentateurs. Une échelle de difficulté a été accolée aux différents cycles
-du cycle de choc au cycle léger-. Des organisations progressives, dégressives,
alternées ont été expérimentées pour tenter de "ranger" les cycles entre eux… Le
nombre des formules possibles ne semble avoir que l'imagination comme limite.
Pour ceux que ces questions intéressent rappelons que nous consacrons un
chapitre à la modélisation de l'entraînement par "l'école de l'Est" (soviétique).
Mais, que l'on parle de pluralité des modèles, de pertinence des termes, ou de
validité des durées, une question se pose : qu'est ce qui permet de justifier
l'utilisation des cycles d'entraînement ?
12.2 Des cycles, pour quoi ?
Les cycles trouvent des justifications dans notre biologie.
Première justification : Nous avons signalé que toute sollicitation d'un
organisme vivant engendrait une période transitoire de fragilité. Seul le repos
permet à l'organisme de retrouver un équilibre. Alternance travail - repos ;
voilà qui constitue la base de l'utilisation des cycles. Leur organisation
imbriquée permet de retrouver cette alternance à tous les niveaux du programme.
Seconde justification : Nous avons signalé que le vivant s'adapte plus
facilement lorsque l'environnement qu'il rencontre ne lui est pas complètement
inconnu. Nous avons dit que les cycles se caractérisaient par le maintien d'une
certaine structure. C'est cette structure qui assure une meilleure adaptation en
dépit de l'augmentation de l'intensité et/ou de la quantité des efforts fournis.
La
troisième grande justification n'a plus trait à la vérité mais à l'utilité.
Les cycles constituent des périodes faciles à délimiter dans le temps. De ce
fait, ils se prêtent à une organisation précise, structurée, aisée à reconnaître
et à évaluer. Telle période est réservée au développement de telle(s)
qualité(s). A l'issue de ce travail, est placée une phase de récupération et une
évaluation permettant de s'assurer de l'atteinte des objectifs fixés au
préalable.
La succession des qualités est, elle aussi, rendue plus commode à gérer. Le
travail d'une qualité peut en toute simplicité être remplacé par celui d'une
autre.
L'organisation en périodes permet la mesure. Elle satisfait le besoin
d'organisation et de contrôle de notre cerveau.
Outre
l'existence des cycles, leur organisation a fait l'objet d'argumentations.
Concernant leur durée, les scientifiques russes ont établi des durées optimales
de développement en fonction du type de qualités physiques. Par exemple, ils ont
dit la pertinence des cycles de 6 et 12 semaines. Ces résultats sont éminemment
contextuels. Ils influencent pourtant notre approche de l'entraînement. Il nous
faut faire des efforts pour ne plus systématiquement réfléchir sur 3, 6 ou 12
semaines. Mais de plus en plus, nous comprenons que ce qui compte avant tout
c'est de favoriser l'adaptabilité de l'organisme grâce notamment à l'alternance
du travail et du repos.
En
pratique, la longueur des cycles est déterminée par le choix de la durée du plus
petit d'entre eux et surtout de la durée totale du programme d'entraînement.
S'il nous reste moins de deux mois jusqu'à la compétition et que nous
choisissons de faire des petits cycles d'une semaine, notre plan s'organisera
autour de 8 cycles d'entraînements. Ceux-ci peuvent être découpés sous la forme
2 x (3 cycles de travail + 1 cycle de récupération).
Mais rien ne nous contraint à autant de rigueur. Le principal n'est pas que les
cycles aient telle durée plutôt que telle autre, telle structure à la place de
telle autre. Le principal n'est pas même que les cycles existent. Nous disons
que le principal est que les principes qui régissent l'évolution du vivant
soient respectés autant que faire se peut.
Dans ce chapitre, nous avons parlé comme un tout de l'organisme et des principes susceptibles d'accompagner sa capacité d'adaptation. Mais autant qu'un organisme dans son ensemble, l'entraînement cherche à développer un ensemble de qualités. Parmi celles ci, nous avons sélectionné quatre qualités physiques. Ces qualités ont une dynamique propre. Elles ne se développent ni de la même façon, ni à la même vitesse. De plus, elles s'influencent mutuellement. Si nous voulons adapter l'organisation de l'entraînement aux qualités, nous devons prendre en compte leurs dynamiques et leurs influences (un ordre).
13
un ordre pour solliciter ?
13.1 Quelles qualités à
quels moments ?
Un des présupposés de l'entraînement est que les qualités physiques se
soutiennent. Par exemple, les qualités aérobies constitueraient une base pour le
travail anaérobie ; la force maximale servirait de creuset à la puissance
élastique… Partant de constat, il suffirait de connaître les qualités de base
pour progressivement construire l'édifice de l'entraînement. En bas, les
qualités donc le travail de fond, au-dessus, un travail moins général sur lequel
s'appuie un autre type de sollicitation… et ainsi de suite jusqu'au sommet de
l'édifice : la compétition.
Cette vision pyramidale à l'avantage de donner un ordre établi qu'il s'agit
d'appliquer.
Concernant l'énergétique, l'ordre le plus communément utilisé progresse de la
quantité vers l'intensité du travail. Nous donnons cet ordre, accompagné des
justifications physiologiques les plus souvent avancées.
1) la base aérobie (couleurs vert et jaune) : Par l'intermédiaire de
footings lents à rapides, la vascularisation musculaire devient plus importante,
le débit cardiaque augmente par une importante progression du volume d'éjection
systolique. Le sang circule mieux et baigne plus facilement les muscles.
L'oxygène qu'il contient est donc plus facilement redistribué aux muscles. Par
ailleurs, le taux des composés sanguins favorisant le transport d'oxygène
s'élève. L'objectif de la base aérobie est finalement d'augmenter la capacité de
transport du sang en oxygène.
2) La VO2max (couleur orange) : Le travail de puissance aérobie par
intervalles permet un accroissement de la consommation d'oxygène au niveau
cellulaire. Des réorganisations structurales et enzymatiques facilitent l'apport
d'énergie d'origine aérobie. Pour un même effort, l'acidité est produite de
manière moins importante et enlevée plus facilement.
3) L'anaérobie : la course à des intensités supérieures à la VMA aboutit
à une formation importante d'acidité. Cette acidité a la mauvaise idée de
bloquer progressivement les liaisons neuromusculaires rendant la contraction
musculaire de plus en plus difficile. D'où l'importance de disposer de moyens
pour enlever le surplus d'acidité. Si le travail anaérobie vient après le
travail aérobie, c'est que l'oxygène amené par la filière aérobie est un
puissant moyen d'enlèvement de cette acidité. Par ailleurs, le temps nécessaire
au développement des qualités aérobies est plus important que celui que requiert
l'amélioration des qualités anaérobies.
Concernant les qualités de force et d'élasticité, l'ordre le plus utilisé pour leur développement passe par un travail de type 1) statique, 2) concentrique, 3) excentrique, 4) pliométrique, 5) stato-dynamique.
Ces
ordonnancements ne sont pas unanimement reconnus. Ainsi, la troisième étape du
développement énergétique, cherchant à solliciter l'anaérobie, est surtout
valable pour les courses dont la composante "sans oxygène" est importante.
L'objectif de cette phase étant de solliciter les allures de courses, pour
toutes les courses situées au-delà de 3000m, elle s'apparente à du travail
aérobie.
Par ailleurs, indépendamment de l'épreuve préparée, certains entraîneurs ne
conçoivent pas un plan d'entraînement qui ne chercherait pas à développer la
VO2max en premier lieu.
D'autres entraîneurs pensent qu'aucun point de vue pré-établi ne peut se tenir. Comment respecter la spécificité de l'athlète si nous postulons un ordre plutôt qu'un autre ? A la place des systèmes prévus par avance, nous proposons un bricolage d'un autre ordre.
13.2 Artisans de l'entraînement
Nous savons où nous allons et d'où nous partons. Nous connaissons les principes
qui indiquent les directions à prendre, pourtant, nous ne savons pas par où
commencer ! Quelles qualités développer en premier ?
Nous
ne savons pas quel chemin prendre mais nous disposons d'indices. Souvenons-nous
! Trois principes qui donnent lieu à trois continuums :
- de l'aspécifique au spécifique
- du développement des qualités à leur intégration aux conditions de la
compétition
- de la remédiation des faiblesses au renforcement des points forts
Le tout pouvant être rassemblé dans un tableau…
principes |
+/- |
vivant |
athlète |
discipline |
qualités |
spécificité |
+ |
Assure l'efficacité la plus poussée dans un environnement donné |
le travail des points forts facilite l'adaptation rapide et puissante |
Confère l'efficacité maximale par la prise en compte des conditions de pratique |
Assure le développement maximal des qualités sollicitées |
- |
Empêche l'adaptation à d'autres environnements |
La sollicitation des points faibles fragilise l'athlète et demande un temps d'adaptation plus long et plus incertain |
Peut empêcher l'adaptation ultérieure => stagnation |
Nuit aux qualités "oubliées" |
|
|
|
|
|
|
|
diversité - alternance |
+ |
Assure l'adaptabilité c'est à dire la capacité : |
Permet d'améliorer les points faibles sans nuire aux points forts |
Permet de : |
Permet la réorganisation des qualités entre elles |
- |
Ne permet pas la meilleure efficacité dans un environnement inchangé et connu |
Ne permet pas d'atteindre au développement maximal d'un point fort |
Ne permet pas l'intégration complète des qualités / l'épreuve |
Ne permet pas d'atteindre le développement maximal |
|
|
|
|
|
|
|
progressivité |
+ |
Donne le temps de l'adaptation fine et sans aléas |
Considérant l'impact global de l'entraînement, assure la possibilité d'adaptation sans prise de risque Empêche de se "griller les ailes" |
Réduit les fluctuations de performance |
Passage des qualités de base, longues à développer, aux conditions de la pratique = permet la pyramide des qualités |
- |
Ne permet pas "l'explosion" de vie liée à la nouveauté |
Peut frustrer par la lenteur de la progression |
Limite la possibilité de progression rapide et spectaculaire |
Limite les chances "d'auto organisation" |
Avantages, inconvénients et conditions de la prise en compte des trois principes de l'entraînement
Compte
tenu de toutes les contradictions, de toutes les contraintes qu'il conviendrait
d'appliquer, l'entraînement idéal est impossible. L'objectif est donc de le
rendre le moins mauvais possible.
La plus grosse difficulté consiste à faire la part de la discipline et de
l'athlète. Le plus souvent c'est la discipline qui prime (voir ci-dessus l'ordre
de développement des qualités) l'athlète passant au rang de faire valoir. Nous
proposons un procédé qui prenne en compte l'un comme l'autre.
Partant de ce constat, à nous de trouver l'adéquation la plus réussie. A nous de tenter d'intégrer au mieux tous les principes, de gérer au mieux les antagonismes, les anachronismes, les complémentarités.
C'est
ce que nous avons tenté de faire dans un modèle des priorités de l'entraînement
qui pourrait être chronologiquement :
1) solliciter brièvement (quelques séances) les points forts selon une
charge faible
2) rapidement en venir à solliciter les points faibles en maintenant le
niveau de difficulté
3) augmenter progressivement le niveau de difficulté dans la
sollicitation des points faibles
4) maintenir le niveau de sollicitation et revenir rapidement sur les
points forts (transition brusque du travail effectué en gardant la progressivité
de l'impact global de l'entraînement)
5) comme il y a beaucoup de chances pour que les points forts
s'approchent des conditions de compétition, augmenter la sollicitation en la
rendant plus spécifique au niveau des qualités sollicitées et plus diversifiée
au niveau du travail utilisé (faire preuve d'imagination pour construire dans
les séances - pour cela utiliser les considérations tactiques c'est souvent très
amusant -, jouer sur les critères de durée et de répétition des exercices…).
Profiter des périodes de repos relatif pour diversifier les qualités
sollicitées.
6) lorsque arrivent les compétitions, diminuer la charge de travail et
jouer sur la diversité des qualités sollicitées. Alterner le travail et le
repos, les qualités spécifiques et celles qui leurs sont complémentaires et ce à
deux niveaux : entre les séances et entre les exercices au sein de chaque
séance.
Attention, la démarche qui précède est un pari, une possibilité parmi d'autres. Elle se veut une proposition. Elle n'est ni définitive ni absolue, la meilleure preuve étant qu'elle supporte déjà deux exceptions.
13.3 Deux exceptions
A) L'anaérobie longue et moyenne.
Pourquoi ? Parce que physiologiquement, ces secteurs de travail sont un
prolongement direct de l'anaérobie courte. Pour simplifier, disons que
l'anaérobie longue, c'est de l'anaérobie courte plus de l'acidité. Présente en
quantité, cette dernière induit une régression des qualités aérobies. Alors
autant préparer la filière anaérobie à réagir, en travaillant son versant court,
sans pour autant la solliciter de manière accentuée. Ceci d'autant plus que la
distance de course s'allonge (>3000m).
Autres raisons : l'incidence de l'entraînement sur la filière anaérobie reste
"incertain". Et puis, le plus souvent, cette filière demande peu de temps pour
être développée dans son versant acide.
Voilà pourquoi nous préférons solliciter l'anaérobie acide sans jamais chercher
à le développer avant la période précédant la compétition en demi-fond court.
B)
La technique concernant la phase 1 de sollicitation brève des points forts
Si un
coureur a un ou des gros défauts techniques et qu'il sort d'une phase de repos,
il peut être opportun de tenter de faire évoluer de suite ces faiblesses. En
effet, la période d'inactivité rend le corps plus apte au changement. Quand on
sait la difficulté qu'il peut y avoir à modifier un point technique, la plus
grande plasticité de l'organisme peut être une aide précieuse.
13.4
Exemple
En pratique, les conseils que nous venons de donner supposent de reprendre les
deux feuilles que nous avons remplies ("l'athlète" et "la discipline") de
manière à pouvoir repérer rapidement les points forts (couleurs sombres) et
faibles (couleurs claires) de l'athlète ainsi que les qualités proches (couleurs
sombres) et éloignées (couleurs claires) des conditions de la compétition.
Si nous appliquons cette démarche à un coureur disposant des qualités
répertoriées dans le tableau ci-dessous et souhaitant préparer l'épreuve du 800m
(second tableau). La démarche pourrait être :
aérobie |
anaérobie |
écotechnique |
force |
Tactique |
psychologie |
VMA (orange) |
Courte 60m |
Jambe libre |
Elastique (pliométrique) |
Se placer au départ |
Responsabilité |
Footing rapide (seuil - jaune) |
Moyenne 300m |
Pose du pied |
Elastique en durée |
Se protéger en course |
Sincérité |
Indice d'endurance : courir longtemps aux différentes allures |
Longue 500m |
Résistance à l'écrasement en position haute |
Isométrique |
Rester prêt à démarrer |
Ouverture |
Variations d'allures |
Variations d'allures |
Placement buste |
Concentrique |
Finir vite |
Motivation pour progresser |
|
|
Placement et oscillations bras, tête |
Excentrique |
|
|
|
|
Fréquence - Amplitude |
|
|
|
Qualités
de l'athlète (exemple de tableau complété). Les points forts
correspondent aux couleurs sombres
(en bleu, qualités non évaluées)
aérobie |
anaérobie |
écotechnique |
force |
tactique |
VMA (orange) |
Courte 60m |
Jambe libre |
Elastique |
Se placer au départ |
Footing rapide (seuil - jaune) |
Moyenne 300m |
Pose du pied |
Elastique en durée |
Se protéger en course |
Index d'endurance : courir longtemps à toutes les allures |
Longue 500m |
Résistance à l'écrasement en position haute |
Isométrique |
Rester prêt à démarrer |
Variations d'allures |
Variations d'allures |
Placement buste |
Concentrique |
Finir vite |
|
|
Placement et oscillations bras, tête |
Excentrique |
|
Qualités
requises pour la discipline (exemple du 800m )
plus les cellules sont sombres plus la qualité est importante
1)
travail
technique prépondérant + variations d'allures autour de la VMA + anaérobie
courte avec quelques multi-bonds
2) travail technique avec conditions favorisant le transfert dans la pratique du
footing rapide + variations autour du footing rapide (zone jaune) terminé par
vitesse courte + force isométrique à concentrique
3) Passage à la zone orange avec technique intégrée + variations courtes en
anaérobie + force concentrique à excentrique
4) Prise en étau de l'allure course avec d'un côté progression de l'intensité en
zone orange (VMA) et de l'autre augmentation des distances des variations
d'allures anaérobie pour passer à anaérobie moyenne + force pliométrique -
travail de côtes
5) anaérobie longue en intégrant quelques changements de rythmes grâce au
travail tactique avec complément grâce : - aux variations d'allures footing
rapide et VMA très courte (zone jaune) - aux variations en anaérobie courte. -
au footing moyen avec travail technique léger Force en stato pliométrique -
travail de côtes
6) compétitions + entraînement très diversifié comprenant notamment des séances
pouvant jouer sur trois ou quatre allures (allure légèrement supérieure à
compétition, vitesse courte, VMA et footing rapide)
Un point clé de ce programme est que plus un type de travail est dur et spécifique, plus nous accordons à l'organisme de possibilités de pouvoir s'adapter. Cela signifie, plus de récupération, plus de travail compensateur , plus de diversité du travail effectué et plus d'autres qualités sollicitées.
Nous en avons presque terminé de ce chapitre sur la programmation de
l'entraînement. Il nous reste cependant à voir un point qui, au quotidien, peut
causer de nombreux cheveux blancs à l'entraîneur. Comment traduire ce que nous
avons vu en séances ? Comment s'assurer qu'une séance répond bien à l'objectif
que l'on s'est fixé ? Problème ardu qui demande, pour être résolu, de bien
définir les charges d'entraînement (définir
les charges).
14.1 La charge de travail
Au cours d'une séance d'entraînement, le sportif pratique un certain temps -
entrecoupé ou non de périodes de récupération, à une certaine intensité physique
et/ou psychologique (cas d'une situation complexe…). C'est l'addition du temps à
l'intensité d'effort qui fait la charge effective d'entraînement.
Dans un sport aisément quantifiable comme l'athlétisme la décomposition de
l'effort est de type : l'athlète court une distance -D- (ou un temps T) à une
vitesse ou intensité -I. Il récupère -R- un certain temps à une allure plus ou
moins soutenue. L'athlète recommence plusieurs fois ce cycle, ce qui donne une
quantité globale -Q- ou volume -V-de travail. D, I, V, R (prononcer divers) sont
les paramètres de la charge effective de travail.
C'est
l'arrangement de ces quatre paramètres qui détermine la charge d'entraînement,
c'est à dire sa difficulté et son impact. De ces quatre lurons c'est l'intensité
qui "pèse" le plus. Les autres s'y conforment. Aucun secret, si nous courrons à
vitesse maximale, nous n'avancerons pas pendant des heures et nous devrons
prendre des bonnes récupérations pour pouvoir maintenir l'allure.
Si nous n'arrivons à maîtriser qu'un seul paramètre, autant que ce soit
celui-là.
Le deuxième paramètre à prendre en compte par ordre d'importance est le volume
global de travail. Pour une même intensité il peut rendre la séance difficile,
moyenne ou facile.
La
progressivité
La
progressivité est un des trois grands principes de l'entraînement (principes).
Pour assurer sa mise en oeuvre d'une séance à l'autre ou d'un cycle à l'autre,
il est pensable de faire évoluer un paramètre et de maintenir les autres. Il est
également possible d'équilibrer la sollicitation en jouant sur les autres
paramètres. Voyons un exemple simplifié de progression de la charge de travail
jouant sur le critère quantitatif
1) 10x300m ; allure 21km/h ; récupération 40"
2) 12x300m même configuration
3) 8x400m ; même allure, récupération 50"
4) 10x400m même configuration
Entre 1 et 2 le volume global a changé, entre 2 et 3 la distance des répétitions
s'est transformée et entre 3 et 4 c'est de nouveau le volume global qui a
progressé.
Voyons
à présent un exemple simplifié de progression d'un indice (vitesse de course)
tout en maintenant la charge
1) Repartons des 10x400 ; allure 21mk/h ; récupération 50"
2) 8x400m ; allure 22km/h, récupération 1'30"
3) 6 x 400m ;: allure 23 km/h récupération 2'
4) 2 x 3x(400) allure 24 km/h récupération 2' à 2'30" et 6' entre les séries
Par
cette progression, nous avons joué sur l'intensité (la vitesse augmente), les
récupérations (elles augmentent) et le volume (il diminue). Ce faisant, nous
avons changé de type de travail et de qualité sollicitée. Ainsi, pour un athlète
de niveau interrégional ayant une VMA à 21 km/h nous sommes passé d'un travail
de VMA à un travail acide à allure 1500 m.
Dans le même temps, nous avons tout fait pour que les changements s'équilibrent
de manière à ce que la charge globale ne soit pas trop augmentée. Mais rien ne
nous assure de ce dernier point. Rien tant que nous ne l'avons pas demandé et
vérifié directement avec l'athlète.
14.2 Charge extérieure -
charge ressentie
C'est l'agencement des quatre paramètres donnés ci-dessus qui détermine la
charge de travail. Cette charge extérieure va être ressentie par un organisme
plus ou moins entraîné, plus ou moins fatigué, plus ou moins habitué à ce type
de sollicitation. Elle va donc avoir un effet plus ou moins marqué sur cet
organisme. C'est cet impact interne d'une charge externe que nous appelons la
charge réelle d'entraînement ou charge ressentie.
C'est elle qui va nous permettre d'évaluer l'impact de l'entraînement ou plus
exactement, c'est la différence entre l'impact prévu par l'entraîneur avant la
séance et la sollicitation ressentie par l'athlète.
Séance difficile, moyenne ou facile. Voilà un classement que l'athlète et
l'entraîneur peuvent utiliser pour s'assurer que le plan prévu correspond bien
au plan effectué. Ils peuvent également faire correspondre le ressenti de
l'athlète à une note subjective de l'effort ; une note sur une échelle allant de
0 à 20 par exemple (perception
de l'effort). Ils ont aussi la possibilité d'utiliser des indicateurs
d'effort comme la fréquence cardiaque (fréquence
cardiaque) ou plus exceptionnellement la lactatémie (lactates).
En faisant la comparaison entre prévisions et réalisation, le couple
entraîneur-athlète pourra détecter les moments d'instabilité et tenter de
comprendre si ces moments viennent d'une erreur de programmation par
l'entraîneur ou d'une fatigue de l'athlète.
Ce faisant, athlète et entraîneur entrent dans la phase de suivi de
l'entraînement. (le
suivi)
Si nous sommes déjà dans le suivi de l'entraînement, c'est que nous supposons que les séances prévues ont été faites.
Il s'agit à présent de vérifier le travail réellement effectué. Pour cela, il nous faut quantifier c'est à dire disposer d'indicateurs de l'effort.
-
Concernant l'effort ressenti, il est possible d'utiliser une échelle de
perception subjective de l'effort (la
perception de l'effort)
- des indicateurs physiologiques comme la fréquence cardiaque ou la lactatémie
permettent de se faire une idée de l'impact réel de l'exercice (secteur
physiologie /
la fréquence cardiaque ;
la lactatémie).
- Enfin, le moyen le plus commun de s'assurer de la bonne répartition du travail
prévu consiste à répertorier le temps (ou le kilométrage) total passé à courir
dans les différentes zones d'allures et à effectuer les exercices de technique
et de force dans les différentes modalités de pratique.
Concernant les allures, le travail consiste à prendre une grande feuille
quadrillée, à mettre en abscisse (horizontal) les vitesses de course et en
ordonnée (vertical) les temps de chaque répétition de course. L'échelle des
abscisses peut aller du footing lent jusqu'à la vitesse maximale en progressant
tous les kilomètres/heure . Elle peut être plus grossière et ne retenir que les
4 zones de couleurs. L'échelle des ordonnées peut partir de 10" et progresser
par pas de 10" jusqu'à 1' puis passer à des pas de 1' jusqu'à 5' et enfin
alterner les pas de 5' jusqu'à arriver à une heure ou plus de travail d'affilé.
L'étape suivante consiste à prendre son carnet d'entraînement et à le lire de
séance en séance. Chaque partie de course est rapportée sous la forme d'un trait
dans la case correspondante de la feuille quadrillée.
Petit à petit, des nuages distinctifs vont apparaître à différents endroits de la feuille. Ces nuages représentent les types de travail privilégiés par l'athlète. La comparaison avec le travail prévu permet de se rendre compte de l'adéquation entre prévisions et réalisations. De plus, l'analyse même des zones de travail permet de repérer des déséquilibres manifestent dans le travail des différents temps et allures de course. Enfin, tous les tirets peuvent être comptabilisés et transformés en diagramme représentant le temps total passé aux différentes allures de course ou aux différentes distances de courses.
Tout ce travail récapitulatif peut être évité si vous utilisez un ordinateur. L'informatique permet maintenant de donner en temps réel la répartition des efforts. L'athlète entre la séance effectuée et un programme reporte directement les temps passés à chaque allure dans un schéma récapitulatif. A chaque moment, athlète et entraîneur ont une représentation graphique des secteurs qu'ils ont travaillés, des allures qu'ils ont privilégiées et délaissées (pour les programmes de suivi de l'entraînement voir Volodalen Services).
Récapitulatif informatisé des temps passés en course à chaque vitesse (de <14km/h jusqu'à 30km/h), en travail technique (Tec), en renforcement (Ren) et en souplesse (Sou) par un spécialiste de 1500m de VMA = 21km/h pendant un cycle de trois semaines réalisé au mois de janvier. On peut remarquer l'absence de travail de vitesse (zone rouge), de renforcement et de technique. Par ailleurs, le travail de développement aérobie (zones jaune et orange) n'est pas très accentué.
Le même schéma peut être appliqué à partir des indices de fréquence cardiaque ou de perception de l'effort. A chacun de choisir ses indicateurs d'efforts et surtout à chacun de choisir d'accepter ou non le travail inhérent au suivi comme à l'ensemble de la programmation que nous avons esquissé.
L'objectif d'un entraînement à portée compétitive est de réaliser un ajustement entre un milieu donné (l'épreuve de compétition) et un organisme (le coureur). L'ensemble des modifications corporelles qui accompagne cette accommodation prend le nom d'adaptation. Nous vous présentons, ci-dessous, un condensé de la notion d'adaptation biologique appliquée d'abord à une espèce vivante quelconque puis centrée sur le coureur à pied.