1 - La séance
1.1 - Degrés de difficulté de la séance
1.2 - Objectifs de la séance
1.3 Séances et moments de la journée
2 - Le microcycle
2.1
Les types de microcycles
2.2
L'alternance des sollicitations au sein du microcycle
2.3 Degré de difficulté des
microcycles
2.4 Les associations de séances
2.5 La structure des microcycles
3 - Les mésocycles et les macrocycles
3.1
Le mésocycle
3.1.1 Les types de mésocycles
3.1.2
Combinaison des microcycles au sein d'un mésocycle
3.2 Le macrocycle
3.2.1 La période de préparation
3.2.2 La période de compétition
3.2.3 Les quelques
semaines précédents l'objectif
3.2.4 La période transitoire
4 - Les cycles d'entraînement pluriannuels
Introduction
L'examen
de la structure de l'entraînement permet d'isoler des éléments (phases, périodes
ou cycles, séances).
Nous pouvons parler de ces éléments en les sortant de leur contexte (approche
statique). Toutefois, leurs caractéristiques n'ont de sens que dans une approche
globale par laquelle tous les éléments se tiennent, l'un ne pouvant se
comprendre sans les autres.
En complément de cette approche statique, nous pouvons aborder l'ordonnancement
de l'ensemble ; évoquer l'alternance des séances et du repos ; nous intéresser à
la distribution des différents éléments dans le temps. Cette approche est
qualifiée de dynamique.
Les éléments de base de la structure de l'entraînement sont au nombre de quatre
:
- la séance est l'unité fonctionnelle de l'entraînement
- le microcycle comprend quelques séances
- le mésocycle est formé par la réunion de plusieurs microcycles
- le macrocycle ou cycle d'entraînement long est composé de quelques mésocycles.
Il débouche sur la réalisation d'un objectif compétitif. Nous allons aborder
successivement ces 4 éléments.
1 - La
séance
Unité
fonctionnelle de l'entraînement, la séance se divise en plusieurs parties :
- L'échauffement : général puis spécifique
- Le corps de la séance
- La récupération
Elle est composée d'exercices qui sont les véritables unités élémentaires du processus d'entraînement. Un exercice est destiné à développer une qualité. C'est la succession des exercices qui constitue la séance.
1.1
Degrés de difficulté de la séance
Le
travail fournit pendant la séance détermine son degré de sollicitation. Celui-ci
est fonction du type d'effort physiologique fourni, des conditions extérieures
de réalisation, des particularités de l'athlète au moment de la sollicitation :
niveau, fatigue... Nous pouvons classer ces degrés de sollicitation en quatre
catégories en fonction de la fatigue qu'ils déterminent :
-
Sollicitation faible : Le but d'une séance à sollicitation faible est le
maintien du niveau d'entraînement déjà acquis ou l'accélération du processus de
récupération. L'exemple type est le footing de récupération.
- Sollicitation moyenne : L'objectif est maintien du niveau d'entraînement et
une première adaptation cardiovasculaire en ce qui concerne l'entraînement
aérobie. Le footing à allure de croisière est un exemple de sollicitation
moyenne.
- Sollicitation notable : Les symptômes sont l'apparition progressive et
relativement lente de la fatigue, un retour rapide de la fréquence cardiaque à
des valeurs inférieures à 120 pulsations/minutes. Le but est l'adaptation
optimale du système cardio-vasculaire (dernière phase d'équilibre) qui détermine
une augmentation progressive et ultérieure de l'état d'entraînement. Un exemple
pourrait être un footing à allure rapide pendant un temps conséquent (plus de 30
minutes) ou une séance de VMA courte de type 10x300 r=45".
- Sollicitation importante : les symptômes sont : une humeur relativement
renfermée avant l'entraînement mais joyeuse si les résultats de la séance
correspondent à l'attente, une joie à l'idée de l'entraînement à venir. Pendant
l'entraînement, des difficultés respiratoires croissantes interviennent. Le
niveau d'activité peut éventuellement baisser. L'athlète a tendance à allonger
les temps de récupération, son empressement à poursuivre le travail baisse. Le
but est l'augmentation de l'état d'entraînement par un dépassement des capacités
organiques. Une séance de VMA longue et intensité de type 8x1000m est un parfait
exemple d'une sollicitation forte de la filière aérobie.
1.2
Objectifs de la séance
Les
séances peuvent avoir un objectif simple ou coupler plusieurs objectifs. On
parlera dans le premier cas, de séances à objectif unique et dans le second de
séances à objectifs multiples
Les
séances à objectif unique
Dans les
séances à objectif unique le programme est organisé de façon à ce que la plus
grande partie des exercices -notamment les exercices composant le corps de la
séance- soit orientée vers un point précis. Ce peut être, par exemple, le
développement des capacités de vitesse terminale, de la vitesse maximale
aérobie…
Ces séances peuvent être organisées suivant trois modalités :
- Utilisation au cours de chaque séance, de moyens uniformes répétés toujours de
façon identique au cours d'une période d'entraînement. Par exemple, une séance
de 10x200m est reproduite pendant plusieurs semaines.
- Utilisation de moyens uniformes dont la nature varie à l'occasion des
différentes phases de l'entraînement. En reprenant l'exemple précédent, les
10x200m deviennent 7x300 puis 5x300 + 3x200…
- Utilisation au cours d'une même séance, de moyens différents orientés vers le
même objectif. Par exemple : (5' footing rapide puis 200-300-400) le tout x 2.
Ces trois méthodes sont d'efficacité différente. L'application répétitive de
séances uniformes représente la méthode la moins efficace ; elle conduit à une
rapide adaptation des athlètes aux entraînements qui leur sont appliqués. Leur
efficacité s'amoindrit très rapidement et peut même disparaître.
En revanche, on a pu constater que l'utilisation d'exercices diversifiés
orientés vers le même but permet une capacité de travail beaucoup plus grande
que lors des séances de travail uniforme et ceci sans déterminer une fatigue
plus importante (I.N. Stesenko). Il sera alors possible à l'entraîneur
d'augmenter nettement la charge par rapport à une séance uniforme.
Donnons un exemple de développement de l'aptitude aérobie grâce à une séance à
moyens diversifiés : 30' footing progressivement accéléré + 8x400 à VMA r=1'.
Pourtant les séances uniformes peuvent être utilisées quand la quantité de temps
pour l'entraînement est limitée ; pour augmenter l'aptitude mentale à soutenir
pendant un temps important un travail important et monotone (aptitude
fondamentale pour les longues distances (H. Pfeifer, 1971)).
Les
séances à objectifs multiples
Les
séances à objectifs multiples font intervenir des moyens d'entraînement
sollicitant plusieurs qualités comme la capacité aérobie et le rendement en
course par exemple. On distingue deux variantes de séances à objectifs multiples
:
- la séance est divisée en deux ou trois parties relativement distinctes, chaque
partie travaillant spécifiquement une qualité. Par exemple, la première partie
est consacrée au travail de la vitesse, la deuxième à la puissance aérobie.
- les qualités sont travaillées simultanément. Par exemple : 10x400m à 85% de la
vitesse maximale sur la distance avec aménagement matériel obligeant à réduire
l'amplitude des foulées dans les derniers 50m. Une telle séance sollicite les
qualités aérobies, anaérobie et technique.
Lors de l'association dans les séances à objectifs multiples de moyens
différents, il faut tenir compte de l'interaction des exercices. Cette
interaction peut être positive, un exercice renforçant l'action de l'autre
exercice, elle peut être neutre ou négative les conséquences d'un exercice
diminuant ou annulant la réponse à l'exercice précédent.
Par exemple, l'anaérobie alactique renforce le métabolisme anaérobie lactique
(N.I Volkov). Pour stimuler l'ensemble des filières énergétiques, la structure
la plus efficace est celle qui va de l'anaérobie alactique à l'anaérobie
lactique puis au métabolisme aérobie.
Classiquement, on recommande de développer en premier les exercices qui
demandent la dépense d'énergie la plus intense. Cependant, l'ordre d'utilisation
des moyens peut être différent. Counsilman (1972) recommande d'utiliser le
travail de distance à différents régimes en début de séance, le travail de la
force et de la vitesse étant réalisé vers la fin de la séance, le travail de
vitesse proprement dit clôturant la séance. La raison de cette répartition est
que le travail de grand volume effectué en première partie de séance agit avant
tout sur le système cardio-vasculaire ainsi que sur les réserves en glycogène
dans les fibres de type I (à contraction lente). Si ce premier travail n'est pas
trop important, les fonctions musculaires des fibres rapides ainsi que les
fonctions nerveuses ne sont que peu sollicitées. L'athlète est encore apte à
effectuer le reste de la séance.
Ce
sont les séances à objectif unique qui exercent l'action la plus puissante sur
l'organisme. Les séances à objectifs multiples exercent sur l'organisme une
action moins puissante que les séances à objectif unique. C'est pourquoi elles
interviennent surtout dans les mésocycles de base chez le spécialiste et tout au
long du processus d'entraînement chez les débutants. Leur intérêt est double .
1) Elles permettent d'accomplir un important volume de travail avec un effort
global relativement faible.
2) Elles permettent d'établir des interactions positives entre les processus
sollicités.
On
peut avoir recours à des séances à objectifs multiples chez des experts pour
maintenir le niveau d'entraînement précédemment acquis ; comme processus de
repos actif destiné à accélérer les processus de récupération. Elles peuvent
ainsi être largement utilisées :
- alors que l'athlète doit participer, sur une longue période, à un grand nombre
de compétitions
- après des séances à objectif unique
- dans les microcycles de récupération
1.3
Séances et moments de la journée
Les
séances peuvent prendre corps aux différents moments de la journée. Sur ce
point, il est nécessaire de se rappeler que les athlètes atteignent leur niveau
le plus élevé de capacité de travail au moment de la journée où ils s'entraînent
habituellement. Ce niveau est maximal si on arrive à faire coïncider cet horaire
de l'entraînement avec celui qui correspond au plus haut niveau de l'activité
physiologique.
Tout changement d'horaire modifie le rythme d'évolution de la capacité de
travail. Les capacités d'endurance par exemple demandent quatre semaines pour
retrouver leur niveau maximal.
Dans le processus d'entraînement, il est recommandé de s'adapter aux horaires de
la compétition-objectif dans les quatre à cinq semaines qui la précède pour les
spécialistes de moyennes et longues distances.
Après la séance, voyons l'élément suivant de "l'organisation emboîtée" de l'entraînement.
Un microcycle est constitué par une succession de séances réparties sur plusieurs jours (de 3 à 14 jours, souvent une semaine). Le but d'un microcycle est d'aborder dans son ensemble un problème correspondant à une étape donnée de la préparation. On comprendra dès lors que le type d'exercices composant le microcycle dépende fortement de la période de l'entraînement.
Le problème le plus important à résoudre dans un microcycle d'entraînement est le choix et l'organisation des séances en rapport à l'objectif principal du microcycle.
On distingue plusieurs types de microcycles.
2.1
Les types de microcycles
- les
microcycles graduels : ils se caractérisent par leur faible niveau de
sollicitation. Ils préparent l'organisme à un travail d'entraînement intense.
Ils constituent souvent l'étape initiale des mésocycles.
- les microcycles de choc : ils représentent un volume global de travail
important et un niveau élevé de sollicitation. L'objectif est de stimuler les
processus d'adaptation de l'organisme. Ils sont utilisés dans la phase de
préparation et de compétition.
- les microcycles d'approche : ils sont destinés à préparer l'athlète aux
conditions de la compétition. Ces microcycles peuvent reproduire le régime des
compétitions à venir ou s'attacher à la solution d'un problème particulier. Ils
prennent souvent la forme d'un repos actif, ou font intervenir des moyens qui se
différencient radicalement de la compétition elle-même (L.P. Matveiev, 1977).
- les microcycles de récupération : ils arrivent ordinairement à la fin d'une
série de microcycles de choc ou à l'issue d'une période de compétition. Ils sont
destinés à assurer le déroulement optimal des processus de récupération.
- les microcycles de compétition : ils s'adaptent au programme de compétitions à
venir en tenant compte, en particulier, du nombre de compétitions et de la durée
des intervalles qui les séparent. Ces microcycles privilégient le travail
spécifique et les processus de récupération.
2.2
L'alternance des sollicitations au sein du microcycle
C'est
G.V. Folbort (1948-1958) qui a le premier théorisé l'alternance des
sollicitations à l'intérieur du microcycle. Folbort propose de tenir compte des
processus de surcompensation propre à chaque filière sollicitée. L'effet de
l'entraînement serait maximal en fournissant une nouvelle sollicitation pendant
la phase de surcompensation (Cf
la surcompensation). Dès 1965, L.P.
Matveiev indiquait l'importance de combiner l'alternance des séances avec les
périodes de repos de façon à ce que chaque séance intervienne au moment où les
capacités de travail sollicitées par une séance de même type soient régénérées
voire augmentées.
Cependant il est possible d'organiser l'alternance des sollicitations et des
récupérations de façon à ce qu'un nouvel exercice intervienne sur un fond de
récupération incomplète. Ceci détermine une accumulation de fatigue qui doit
aboutir à une surcompensation plus importante (hyper-compensation).
Une telle série de séances doit être considérée comme un effort global après
lequel on prévoit un repos suffisant pour assurer la récupération et la
surgénération de la capacité de travail. Ce type d'organisation est extrêmement
éprouvant et un abus d'utilisation conduit immanquablement au surmenage. En
revanche son utilisation périodique chez l'athlète entraîné, accroît
efficacement le niveau d'entraînement.
Ces différentes sortes d'organisation affectent le niveau de difficulté des microcycles.
2.3
Degrés de difficulté des microcycles
Nous
avons souligné combien l'évolution des processus de récupération dépend avant
tout de la nature du travail fourni pendant les séances (processus sollicités)
et de la charge globale déterminée par ce travail.
Dès lors, les microcycles doivent être élaborés en prenant en compte les
conséquences de chaque type de sollicitation sur les processus fonctionnels mis
en jeu.
L'enchevêtrement des qualités : la nature des sollicitations
La
sollicitation d'un processus précis exerce une action marquée mais relativement
focalisée sur l'organisme du sportif. Cette action sera avant tout remarquable
au niveau du processus principalement sollicité mais aura également des effets
sur les autres processus. Ainsi, lorsque la séance a porté sur le travail de la
vitesse, ce sont avant tout les possibilités fonctionnelles liées à cette
qualité qui sont profondément et durablement altérées alors que les capacités
aérobies retrouvent leur niveau en quelques heures. Inversement, après une
séance consacrée au travail des processus aérobies, les qualités de vitesse
retrouvent leur niveau en 5 à 6 heures alors que les capacités aérobies pourront
rester déprimées pendant plus de trois jours. En fait, on sait que les processus
de récupération qui succèdent à une charge physique sont hétérochroniques, c'est
à dire que récupérations et surcompensations n'interviennent pas simultanément
pour les différentes fonctions qui ont été sollicitées et ceci à degré de
sollicitation identique. Alors, la diminution ou la perte transitoire des
possibilités fonctionnelles qui résultent de la sollicitation intense d'une
filière énergétique ne signifie pas que l'athlète n'est plus en état de
manifester une capacité élevée pour un travail sollicitant une autre filière
(P.K Anokhine, 1974).
De façon synthétique, on peut dire que la vitesse de récupération est d'autant
plus grande que l'on passe d'un travail aérobie en volume à un travail de
vitesse en puissance.
L'intensité des sollicitations
De plus,
l'importance de la sollicitation détermine des vitesses de récupération
différentes. Ainsi entre une sollicitation notable et une sollicitation
importante (volume de travail augmenté de 20 à 30%), la période de récupération
est doublée. Avec une sollicitation notable, l'amplitude des variations est
réduite et la phase de surcompensation est peu importante, voire nulle. Elle
intervient dans les 24h pour ce type de stimulation, dans les 12h pour une
sollicitation moyenne et en quelques heures après une sollicitation faible.
Les séances à objectifs multiples exercent sur l'organisme une action plus
diversifiée, mais moins profonde qu'une séance à objectif unique. Les
possibilités fonctionnelles sont diminuées 6 heures après la séance et sont
complètement restaurées dans les 24 heures. De telles séances qui ne sollicitent
de façon importante aucun des systèmes fonctionnels, doivent être classées parmi
les séances à sollicitation notable et non importante.
Des recherches ont permis de déterminer le volume de travail qu'il est
nécessaire d'accomplir aux différentes étapes d'une séance à objectif d'ensemble
pour déterminer une diminution des capacités fonctionnelles correspondant à une
sollicitation importante. Lors des séances avec sollicitations simultanées des
différentes qualités physiques, il faut que la charge de travail correspondant à
chacun d'entre eux représente 40 à 45% du volume de travail fourni au cours
d'une séance à objectif sélectif.
Les séances à objectifs multiples divisées en parties relativement indépendantes déterminent une sollicitation importante mais plus sélective. Ainsi lorsque le travail a porté sur l'amélioration des qualités de vitesse et celle des processus anaérobies lactiques, les capacités fonctionnelles des systèmes intervenant dans ces deux activités sont brutalement réduites, alors que la capacité de travail aérobie n'est que peu touchée. Ceci nous rappelle que la fatigue que détermine l'exécution d'une séance concerne avant tout les fonctions qui ont été sollicitées ; elle n'empêche pas l'athlète de manifester une capacité de travail élevée dans les activités assurées principalement par d'autres systèmes.
2.4
Les associations de séances
Les
associations des séances dans le microcycle peuvent prendre des formes diverses.
Association de deux séances à objectif identique
L'association de deux séances à objectif identique peut se faire alors que les
capacités fonctionnelles de l'organisme ont été restaurées. Cela signifie que le
temps de récupération placé entre les deux séances a été au moins égal à celui
nécessaire à la surcompensation de la qualité sollicitée. Dans le cas où la
deuxième séance se déroule alors que les possibilités fonctionnelles sollicitées
par la première ne sont pas encore complètement restaurées, la capacité de
travail est considérablement réduite au cours de la deuxième séance. L'athlète
ne peut fournir plus qu'une partie des volumes de travail assurés à la séance
précédente et ceci dans des conditions de fatigue croissante qui exercent une
action nuisible sur le psychisme. Après la deuxième séance, la fatigue tout en
conservant le même caractère, est nettement plus prononcée qu'après la première.
Ces particularités se retrouvent quel que soit l'objectif des séances, la
période d'entraînement et la qualification de l'athlète. Ce type d'association
doit donc être utilisé avec précaution et uniquement lorsqu'on se trouve dans la
nécessité d'augmenter rapidement un type précis de qualité.
Association de séances à objectifs différents
L'action
globale de deux ou même trois séances à sollicitation importante et à objectifs
différents, effectués à 24 heures d'intervalle est d'un caractère tout à fait
différent de celle d'une séance isolée. La sollicitation importante d'un
processus différent de celui sollicité le jour avant n'accroît pas ou peu la
fatigue résultant de la première séance. D'une façon générale, qu'elles qu'aient
été les qualités sollicitées, 48 heures après la deuxième séance, on observe une
restauration ou même une surcompensation des qualités sollicitées au cours de la
première.
Une série de trois séances à objectifs différents sollicite de fait tous les
domaines d'action spécifique de l'athlète. La fatigue qu'elle provoque atteint
un niveau considérablement élevé 24 heures après la fin de la troisième séance.
La capacité de travail est réduite dans tous les domaines. L'importance de cette
réduction est bien sûr fonction de l'ordre dans lequel ont été exécutées les
séances. C'est naturellement au niveau de la qualité qui a été sollicitée au
cours de la troisième séance que cette réduction se manifeste le plus.
Association de deux séances dans une journée
Il peut
être opportun d'associer deux séances de manière à ce que la première détermine
une sollicitation importante et la seconde une sollicitation moyenne ou faible.
En effet, les séances impliquant une sollicitation faible ou moyenne facilitent
les processus de récupération après les séances à sollicitation importante, si
leur objectif principal est nettement différent et fait porter l'effort
principal sur d'autres systèmes fonctionnels. Si au contraire leur objectif
reste le même, elles accroissent la fatigue provoquée par la première séance.
Toutes les données qui précèdent doivent être modulées par le niveau d'entraînement, celui-ci augmentant non seulement les possibilités fonctionnelles des différents systèmes, mais également l'aptitude à régénérer rapidement les capacités fonctionnelles. Par ailleurs chaque athlète a des caractéristiques différentes qui l'amènent à récupérer plus ou moins vite selon le type de séance. C'est à l'entraîneur de repérer les périodes de récupération propres à chaque athlète afin de proposer une succession de séances qui optimisent l'entraînement.
Association des séances : efforts complémentaires et contradictoires.
Nous
avons dit qu'une qualité physique peut être complètement "déprimée" après une
sollicitation intense alors qu'une autre qualité ne sera aucunement affectée.
Cette constatation s'explique par le fait que les interactions qui existent
entre les qualités physiques sont relativement complexes et différentes. Ainsi
il peut être bon de rapprocher certains types d'effort qualifiés de
complémentaires alors que le couplage de certains autres est à proscrire dans la
mesure où ils entraînent une fatigue et un risque de blessure accru.
A titre d'exemples, voilà quelques efforts complémentaires et contradictoires.
Les efforts complémentaires |
Les efforts contradictoires |
- anaérobie
alactique (vitesse) et anaérobie lactique (endurance-vitesse) |
- anaérobie
alactique et force |
Comme nous l'avons déjà vu, ces rapprochements peuvent également se faire au sein d'une séance à objectif multiple.
2.5
La structure des microcycles
La
structure des microcycles varie au cours du macrocycle ou du cycle pluriannuel
d'entraînement ; elle est également influencée par les caractéristiques
individuelles de l'athlète. Ces variations portent sur la nature des exercices,
le caractère des objectifs, le niveau de sollicitation et les particularités
d'association entre les séances. Par exemple, au cours de l'étape de préparation
générale, les microcycles de choc ne comportent pratiquement pas de séance à
sollicitation importante alors qu'ils peuvent en comporter jusqu'à 4 ou 5 au
cours de l'étape de réalisation maximale.
L'expérience montre que l'un des moyens les plus efficaces de préparer à des
succès de haut niveau est d'imposer des microcycles de choc prévoyant
pratiquement chaque jour une séance à sollicitation importante. Un régime aussi
intense n'est efficace que dans la mesure où l'alternance entre les séances
d'objectifs différents est rationnellement organisée. Ceci concerne avant tout
les microcycles de choc qui, en imposant une sollicitation importante à
l'organisme sollicitent de façon intense ses processus d'adaptation.
Dans les microcycles graduels, on applique d'ordinaire un volume de travail
moindre : le nombre des séances à sollicitation notable ou importante est
réduit. Dans les microcycles de récupération on augmente la proportion de
séances attrayantes dont les caractères sont éloignés de ceux des exercices de
compétition.
Passons à présent aux unités d'entraînement qu'il nous reste à voir : les mésocycles et les macrocycles.
3 - Les mésocycles et les macrocycles
L'objectif fondamental de la planification du cycle annuel de l'athlète est de
parvenir au bon moment aux meilleurs résultats. Cette période correspond à la
survenue de la forme sportive, aboutissement de tout un processus de
préparation. D'après L.P. Matveiev (1965), le développement de la forme sportive
s'opère en trois phases :
- La phase d'acquisition : elle correspond à la période préparatoire et de
développement. L'athlète augmente les possibilités de ses principaux systèmes
fonctionnels, en même temps qu'il acquière les maîtrises techniques. Ces actions
constituent le fondement des modifications spécifiques qui interviendront à la
deuxième phase.
- La phase de stabilisation correspond à la période de compétition. Elle fait
intervenir un entraînement spécifique poussé. Cette phase porte mal son nom
puisqu'elle vise à développer les qualités et aptitudes déterminant directement
le résultat sportif. Les compétitions préparatoires rentrent d'ailleurs pour une
grande part dans l'atteinte des meilleurs résultats à l'occasion des
compétitions les plus importantes. Les modifications de cette forme sportive
concernent le système nerveux central et son action de coordination des qualités
spécifiques, alors que les qualités morphologiques, physiologiques et
psychologiques, qui sont le fruit de l'entraînement restent relativement
stables.
- La phase de perte momentanée
Le macrocycle d'entraînement réalise la synthèse de ces trois phases en rapport aux objectifs fixés. Le déroulement et le nombre même des macrocycles sont ainsi fixés par les objectifs principaux de la saison. En demi-fond pour un athlète de niveau départemental à national ces objectifs sont traditionnellement au nombre de trois. Un objectif hivernal (piste indoor ou cross), un objectif estival (championnats sur piste) et un objectif de fin de saison qui peut très bien être un objectif chronométrique. Dans un tel cas de figure la durée et le contenu de chacun des macrocycles sont différents. Généralement le premier macrocycle comporte l'entraînement de base qui assure une préparation générale, valable pour les épreuves sur différentes distances. Dans le deuxième macrocycle, l'entraînement est plus spécifique ; il prépare la participation à d'importantes compétitions sur les distances de prédilection.
Le macrocycle d'entraînement est lui-même constitué par un ensemble de mésocycles.
3.1
Le mésocycle
Le mésocycle est un élément de l'entraînement dont la durée est généralement de
trois à six semaines. Il est composé de plusieurs microcycles.
Les mésocycles représentent des étapes relativement achevées du processus
d'entraînement permettant d'assurer le développement d'une qualité ou d'une
aptitude particulière.
3.1.1 Les types de mésocycles
L.P.
Matveiev (1977) distingue 5 types de mésocycles :
- Les mésocycles graduels : Ils ont pour fonction principale d'apporter
progressivement aux athlètes l'aptitude à fournir un entraînement spécifique. Le
travail est principalement axé sur l'augmentation des capacités aérobies.
- Les mésocycles de base : le travail porte sur l'augmentation des possibilités
fonctionnelles des principaux systèmes, ainsi que sur les préparations technique
et mentale. Le programme d'entraînement est caractérisé par la diversité des
moyens, l'importance du travail d'entraînement tant en volume qu'en intensité et
par l'augmentation fréquente des séances à sollicitation importante.
- Les mésocycles de contrôle et de préparation : ils visent à synthétiser les
possibilités développées de façon plus autonome antérieurement, ceci en vue de
l'activité de compétition. Le processus d'entraînement est caractérisé par
l'utilisation d'une préparation spécifique se rapprochant des conditions de la
compétition.
- Les mésocycles de pré-compétition : ils sont destinés suivant le niveau de
préparation de l'athlète et l'alternance des compétitions à augmenter de façon
notable le niveau de préparation spécifique (utilisation de microcycles de choc)
ou à renforcer les processus de récupération. Il s'agit dans tous les cas de se
rapprocher progressivement de la forme optimale, ceci passant par une
amélioration prioritaire des processus engagés dans l'activité de compétition et
par le renforcement des processus d'adaptation.
- Les mésocycles de compétition : ils sont déterminés avant tout par les
particularités la nature des compétitions (processus rentrant en jeu
prioritairement) et par le calendrier des compétitions.
3.1.2 Combinaison des microcycles au sein d'un mésocycle
Les
objectifs d'un mésocycle peuvent être atteints par combinaison de microcycles
contribuant chacun à l'amélioration de l'une des qualités définies comme
objectif ou de microcycles réalisant une préparation intégrale.
Dans tous les cas, il sera nécessaire de faire intervenir des microcycles
d'allégement destinés à assurer le déroulement optimal des processus
d'adaptation après les sollicitations importantes des microcycles précédents.
La sollicitation globale imposée par les différents microcycles peut varier dans
des proportions importantes. Selon la sollicitation imposée lors d'un
microcycle, le microcycle suivant peut se dérouler suivant les cas chez un
athlète ayant récupéré ou chez un sujet fatigué.
L'entraînement moderne des athlètes confirmés se caractérise par une
organisation des efforts de chaque microcycle telle, que la fatigue augmente
progressivement d'un microcycle à l'autre (mésocycle graduel). Ceci permet de
solliciter à l'extrême les possibilités fonctionnelles et mentales de l'athlète.
A la fin d'une telle succession de sollicitations, l'athlète se trouve en
situation de diminution momentanée de ses capacités et s'avère être extrêmement
fragile tant physiquement que mentalement. Ainsi pour que le travail porte ses
fruits, pour que les processus de récupération et de surcompensation des
possibilités fonctionnelles de l'athlète puisse se faire, il est nécessaire
qu'un microcycle d'allégement relatif intervienne après les microcycles à
sollicitation importante. L'ignorance de ce principe conduit invariablement à un
surmenage physique et nerveux.
L'une
des principales justifications de l'introduction des microcycles d'allégement
est le phénomène de transformation retardée (L.P. Matveiev, 1970). Ce phénomène
fait que les athlètes atteignent leurs indices d'aptitude les plus élevés à
l'issue d'une période de travail allégé succédant à un volume important de
travail intense. On peut expliquer ce phénomène par l'évolution asynchrone des
fonctions énergétiques de l'organisme ainsi que par le temps nécessaire pour que
les structures tissulaires sollicitées par un fonctionnement intensif puissent
se régénérer (F.Z. Meierson, 1980).
C'est cette adaptation la plus parfaite possible des périodes de récupération
relative aux périodes de sollicitation intense qui les précèdent qui assure le
mieux la réussite d'un programme d'entraînement. Il existe un rapport de
réciprocité entre ces deux notions. Ainsi, plus la sollicitation imposée par les
microcycles de choc a été intense et prolongée, plus long devra être le temps
accordé à la récupération et au déroulement des processus d'adaptation. (voir
dans ce secteur la page consacrée à l'adaptation -adaptation-)
L'objectif du processus d'entraînement évolue d'un mésocycle à l'autre, par changement des microcycles qui les constituent. Ainsi ce qui caractérise chacun des mésocycles est le fait qu'ils contiennent des microcycles dont l'objectif global est différent de l'objectif précédent, amorçant ainsi une évolution.
3.2
Le macrocycle
Nous avons dit que le macrocycle visait à un objectif de compétition. Pour ce
faire, il peut se décomposer en différentes périodes.
3.2.1 La période de préparation
Elle
constitue l'unité structurelle la plus longue du macrocycle d'entraînement. Elle
permet de construire les fondements fonctionnels nécessaires à l'exécution de
volumes importants du travail spécifique. Ainsi l'objectif à cette étape n'est
pas de développer les qualités qui influent sur le résultat sportif mais
d'améliorer les facteurs élémentaires qui sont à la base de ces qualités.
Grossièrement, on peut distinguer dans cette période de préparation deux étapes
que nous allons aborder plus en détail.
Etape de
préparation générale
L'objectif principal est d'élever le niveau d'aptitude physique générale de
l'athlète, préparant ainsi le travail ultérieur qui portera sur l'amélioration
directe des résultats sportifs. On habitue l'organisme à de grands volumes de
sollicitation des métabolismes aérobie, aérobie-anaérobie (VMA) et de travail
des qualités de force. Une partie importante de l'entraînement porte également
sur l'amélioration des qualités techniques. De plus, il convient d'intégrer le
travail de ces qualités de base dans des exercices dont la structure se
rapproche de plus en plus de celle des actions de compétition.
Etape de
préparation spécifique
L'entraînement est directement axé sur le développement de la forme sportive.
Ceci se traduit par l'augmentation de la part réservée aux exercices se
rapprochant des actions de compétition proprement dites. Parallèlement à ce
travail de développement des qualités physiques, une grande attention doit être
portée à l'amélioration de la technique de compétition (affinement de la
technique gestuelle par rapport aux conditions de la compétition).
Les exercices de compétition d'abord rares deviennent de plus en plus fréquents
à la fin de cette deuxième étape.
Par ailleurs, il convient de respecter une évolution de la nature des exercices
de préparation spécifique. Ceux-ci doivent d'abord agir sélectivement sur chacun
des aspects de la capacité de travail spécifique, puis évoluer pour acquérir peu
à peu un caractère "intégral" marqué. Le but est d'intégrer, dans l'exercice de
compétition, l'ensemble des adaptations fonctionnelles et mentales, des acquis
moteurs, techniques et tactiques, qui ont été obtenus au cours de l'entraînement
antérieur (notion de "transfert").
Bien entendu, cette amélioration des qualités spécifiques doit être assurée tout
en maintenant le niveau de préparation physique générale acquis antérieurement.
Ceci est une condition nécessaire à la poursuite de l'amélioration du niveau
d'entraînement. Cet objectif peut être atteint par utilisation d'exercices de
préparation générale les plus proches possibles des exercices de préparation
spécifique.
3.2.2 La période de compétition
L'objectif de l'entraînement est alors de maintenir et éventuellement d'élever
le niveau de préparation spécifique tout en favorisant la pleine utilisation de
celle-ci au cours des compétitions.
Le processus de préparation spécifique en période de compétition est organisé en
fonction du calendrier et notamment des compétitions-objectifs. La préparation
prendra en compte toutes les caractéristiques de ces compétitions
(caractéristiques maîtrisées que sont la technique, les processus sollicités...
et les caractéristiques plus aléatoires comme la tactique, les conditions
climatiques, les horaires, le stress...). Ceci permettra d'appliquer dans cette
période de préparation des sollicitations analogues à celles qui interviendront
à ces occasions.
Les autres compétitions interviennent à titre d'entraînement aux compétitions
les plus importantes. Elles ne donnent pas réellement lieu à une préparation
spécifique.
Les microcycles pourront être organisés de façon telle que chacun accentue la
fatigue liée au précédent.
Deux à trois semaines avant le début de ces compétitions majeures, il convient de réduire le volume de travail tout en maintenant le niveau de préparation. Ceci peut se faire en introduisant dans l'entraînement des exercices plus proches des exercices de préparation physique générale que des actions de compétition. Ceci peut également être organisé dans les mésocycles à structure de balancier (D.A. Arosiev, 1969). Ceux-ci comportent une alternance de microcycles faisant largement appel aux exercices de compétition et aux exercices de préparation différant considérablement de ces exercices de compétition.
3.2.3
Les quelques semaines précédent l'objectif
Nous
avons déjà souligné le fait qu'une attention toute particulière devait être
apportée à l'évolution de la capacité de travail spécifique dans la journée. Son
niveau maximal s'adapte en quelque temps pour coïncider avec le moment des
séances d'entraînement. Les séances principales ou les épreuves de contrôle
doivent donc être organisées suivant le même horaire que celui prévu pour la
compétition. Les trois à cinq microcycles qui précèdent la période de
compétition peuvent être structurés sur un rythme analogue à celui qui prévaudra
pendant cette période, c'est à dire en respectant la même répartition des
journées de repos relatif et de travail intense et en calant le cycle de façon
que les jours de compétition soient aux même phases que les journées de travail
intense. Ceci doit permettre de faire parvenir la capacité de travail spécifique
à son niveau maximal ces jours là.
Par
ailleurs, l'attention doit également être portée à la structure des sept à
quatorze jours qui précèdent l'épreuve. L'entraînement doit alors sortir des
schémas habituels pour prendre grandement en compte les caractéristiques de
l'athlète : état fonctionnel, niveau d'entraînement, état mental... Ceci doit
s'accomplir dans le respect de certains principes généraux. En particulier, il
ne faut pas chercher à ce moment là à augmenter les possibilités fonctionnelles
des systèmes qui déterminent la performance. Ces capacités doivent seulement
être maintenues ce qui suppose un travail relativement léger.
D'autre part, il convient de tenir compte des périodes de récupération des
différentes filières énergétiques. Ainsi les efforts important de type aérobie
ne doivent pas être programmés dans les trois à cinq jours qui précèdent
l'épreuve. On peut en revanche effectuer des exercices de vitesse qui stimulent
l'activité du système nerveux central.
Enfin, il convient d'élaborer un ensemble d'exercices d'ordre psychologique qui
permettent à l'athlète de mobiliser, en cours d'épreuve, les ressources
nécessaires pour surmonter une situation imprévue. Par exemple, le coureur fait
des séries de 300m. Aux 150m un autre coureur démarre avec lui et doit de façon
aléatoire ou rester derrière, ou passer en ligne droite ou en virage... Les
réactions du premier coureur devront être différentes mais imposées. Par exemple
laisser venir à sa hauteur en virage sans laisser passer, laisser passer en
ligne droite puis essayer de repasser devant, ne pas accélérer tant que l'autre
coureur reste derrière. Dans un tel type de séance il convient de faire
attention à l'importance de la sollicitation et dans tous les cas de donner des
temps de récupération relativement longs.
Une fois l'objectif passé, une phase de transition permet de récupérer des efforts consentis.
3.2.4 La période transitoire
Cette
période a pour objectif d'apporter un repos satisfaisant après les efforts
d'entraînement et de compétitions de l'année ou du macrocycle précédent, tout en
maintenant un niveau d'entraînement suffisant pour que le macrocycle suivant
soit entamé dans de bonnes conditions.
La durée de cette période transitoire est très variable et peut aller de 15
jours à 6-8 semaines suivant les particularités de l'athlète et surtout
l'intensité et la durée de la saison des compétitions. Le contenu de cette
période est lui aussi variable. On repère en gros trois orientations différentes
:
- La première consiste à cesser complètement de s'entraîner pendant une assez
longue période (6 semaines). Ce type de récupération est associé à une certaine
détérioration des possibilités fonctionnelles. Cependant il permet de régénérer
complètement les possibilités mentales de l'athlète. Son utilisation se justifie
chez des athlètes qui ont acquis une longue expérience et se trouvent à l'étape
de maintien de leurs très bons résultats.
- La seconde consiste, après quelques jours de repos passif, à mettre en oeuvre
un entraînement sur le mode d'un mésocycle graduel. Cette formule concerne avant
tout les athlètes qui pour une raison quelconque (blessure par exemple) n'ont pu
fournir le travail prévu pour le macrocycle précédent.
- La troisième méthode est intermédiaire entre les deux précédentes. Elle fait
largement appel aux moyens de repos actif associés à du travail non spécifique.
L'ensemble permet d'assurer le maintien des principaux composants de l'état
d'entraînement tout en restaurant les possibilités physiques et mentales de
l'athlète. Cette formule paraît la plus indiquée pour les athlètes qui suivent
normalement l'évolution de leur processus d'entraînement.
Dans tous les cas, le volume et l'intensité des entraînements sont considérablement réduits. Il est important que tout change (exercices, lieu d'entraînement...) par rapport aux moyens mis en oeuvre pendant le reste de l'année.
Pour finir, signalons que les macrocycles d'entraînement sont compris dans des cycles d'entraînements annuels et pluriannuels.
4 - Les cycles d'entraînement pluriannuels
Seul
un entraînement poursuivi pendant plusieurs années permet d'obtenir des
résultats sportifs de niveau élevé. En effet, il faut savoir que la charge
globale d'entraînement ne doit pas être augmentée de plus de 10-15% d'une année
à l'autre pour que les processus d'adaptation soient optimaux.
En outre, la structure d'un plan pluriannuel doit également prendre en compte
- le nombre moyen d'années exigé par la discipline pour parvenir aux résultats
optimaux.
- les tranches d'âge dans lesquelles se manifestent habituellement ces
résultats.
Ces deux notions sont tout de même à prendre avec précautions tant elles
excluent les cas particuliers. A ce titre une étude effectuée en URSS a montré
que 15 à 20% du nombre total des nageurs, rameurs et cyclistes doués devancent
la limite d'âge indiquée de une à deux années le plus souvent. Ils manifestent
plus précocement leurs possibilités optimales.
- les qualités individuelles de l'athlète et le rythme de croissance de ses
qualités sportives
- l'âge auquel il a commencé à s'entraîner et notamment celui auquel il débute
l'entraînement spécifique.
Ces données ont pour objectif de cerner avec précision la période où l'entraînement doit culminer en intensité pour assurer les résultats optimaux.
Carrière sportive et jeunes athlètes
Dans une
planification de carrière, l'attention doit se porter particulièrement sur la
période de la puberté qui induit chez le jeune une disproportion dans le
développement des différents organes et systèmes, notamment le système
endocrinien, d'où altération des processus d'adaptation, la réduction de la
capacité de travail, le ralentissement des processus de récupération après
l'effort.
Il est tellement facile d'amener un jeune doué à un niveau élevé de performance
en un ou deux ans en appliquant les méthodes d'entraînement les plus efficaces
réservées aux athlètes de haut-niveau. Il est tellement facile de "griller" un
jeune, d'hypothéquer grandement ces chances d'accéder au plus haut niveau et
ceci au profit d'une gloire aussi éphémère qu'inutile et dangereuse.
On voit ainsi des nageurs de 11 ans s'entraîner deux à trois fois par jour et
nager 2000 km et plus par an, suivre un entraînement de force... On voit des
cyclistes de 13-14 ans "courir" en une seule année jusqu'à 12000 km et prendre
40 à 60 départs de courses par saison. Cela aboutit au mieux à l'obtention de
certains succès dans les catégories cadets ou juniors puis à une régression et
un arrêt de l'entraînement. Au pire, ces entraînements intensifs aboutissent à
des perturbations sérieuses de la santé avec apparition de troubles psychiques
chez ces jeunes sportifs.
L'envol rapide vers des succès précoces a pour revers une vie sportive éphémère
et une vie sociale parfois amputée. Si la réussite est à ce prix, pourvu que les
retombées soient importantes car les sacrifices eux sont énormes.
Une étude a montré que 70% des joueurs de baskets universitaires américains sont
prêts à tous les sacrifices (même ceux de leur vie) pour accéder au championnat
professionnel. Ce résultat prouve que l'on peut être en droit de se poser des
questions sur l'esprit critique de certains athlètes quant à leur propre
personne. Ce que l'athlète pris dans un engrenage de la performance ne peut
réaliser, c'est à l'entraîneur de l'entreprendre dans un premier temps puis de
lui inculquer. D'ailleurs il n'y a aucune raison d'entreprendre un entraînement
précoce puisque :
- Il risque de dégoûter le jeune de l'athlétisme
- Il risque de détériorer la santé de ces jeunes
- Il est le contraire d'une garantie de réussite pour l'avenir. Une étude menée
par Zatsiorsky (1977) montre que près la moitié (47,5%) des membres des équipes
de l'ex URSS n'ont jamais été de brillants juniors. Par ailleurs, nombre de ces
sportifs de premier plan ne sont pas issus de la sphère du sport organisée pour
les enfants et les adolescents (V.I. Tchoudinov, 1978). Quand on sait les
efforts consentis en URSS à l'époque pour la détection et le suivi des jeunes on
comprend la portée de tels chiffres.
Ces principes sont applicables à la très grande majorité. Cependant, pour certains individus d'exception il faut savoir déroger. Leur talent moteur, l'extraordinaire adaptabilité de leurs principaux systèmes fonctionnels, la spécificité de leur rythme personnel d'entraînement permettent, sans enfreindre les lois fondamentales d'une planification pluriannuelle, une accession plus rapide à l'apogée des qualités sportives. Les meilleurs résultats se manifestent chez eux plus tôt que dans la moyenne des fractions d'âge considérées comme optimales.
La
planification d'une carrière doit tenir compte de tous ces éléments.
Théoriquement, elle comprend 5 étapes:
- La préparation initiale sollicitant de nombreuses qualités
- La préparation préalable de base : plurielle avec un début de préférences
- La préparation spécifique de base : préparation générale au début puis
spécialisation au travers des approches multiformes et du développement aérobie.
- La réalisation maximale des possibilités de l'athlète : passage au travail
spécifique
- Le maintien des résultats
Ces étapes se succèdent chronologiquement mais sans frontière stricte. Leur
durée est susceptible de varier en fonction de critères individuels ou des
exigences de la discipline.
Pour conclure
Tout ce
que nous venons de dire permet de guider la réalisation d'un entraînement. Il
faut cependant savoir que la mise en condition d'un athlète en vue des
compétitions majeures reste un processus largement spontané, basé sur
l'expérience et l'intuition de l'entraîneur et de l'athlète.